Culture
Hotel Sahara, exposition et festival aux Magasins généraux
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Que sait-on exactement du Sahara, ce « grand désert », selon son nom berbère, qui s’étend sur neuf millions de kilomètres carrés ? À son évocation, nos représentations ne se tisseraient-elles pas de clichés éculés, erronés, voire un peu naïfs, amplement véhiculés par le monde occidental ? Voici les questions auxquelles se sont attelés Keimis Henni et Anna Labouze, les commissaires de l’exposition Hotel Sahara. « Anna et moi sommes d’origine algérienne, explique Keimis Henni. Nous nous sommes souvent posés cette question : pourquoi le Sahara reste-t-il considéré comme une frontière – héritée de l’époque coloniale – qui séparerait le continent en deux blocs hermétiques ? Dans l’imaginaire collectif, l’Afrique commence après le désert, avec la Mauritanie, le Mali... »
Les deux commissaires questionnent également les fantasmes liés à cet espace. « Nous avons tous en tête l’idée d’une étendue vide, sablonneuse – alors que le sable ne représente que 20 % du Sahara – favorable au repli sur soi et aux rêves d’aventure. Nous imaginons un repaire peuplé d’une poignée de nomades, note Keimis Henni. Or, ces images relèvent d’un exotisme bien éloigné d’une réalité plurielle. » Et le commissaire de rappeler les visages complexes de cette zone, où se côtoient des populations, des langues, des cultures et des pratiques religieuses différentes. « Le Sahara, c’est cet espace-monde où s’entrecroisent une foule de créations, de cultures, de poésies, des traditions millénaires, des guerres, des problématiques géopolitiques… », affirme-t-il.
Installation collective et monumentale
Et c’est pour rendre compte de cette réalité multiple et foisonnante, qu’avec Anna Labouze, il a réuni, en immersion dans le désert marocain, dix artistes âgés de 22 à 35 ans, tous issus de pays traversés par le Sahara. Durant sept jours et sept nuits, un peintre, un photographe, une danseuse, une chanteuse, une vidéaste, un designer, une calligraphe, des musiciens et des plasticiens ont interrogé ce territoire si particulier. Auprès des populations locales, ils ont récolté des paroles, des images, des vidéos, des objets et des enregistrements sonores pour façonner leurs œuvres d’art.
De cette exploration artistique, enrichie et soutenue par les connaissances de Maïa Hawad, doctorante en philosophie et chercheuse autour de l’imaginaire du Sahara, résulte une installation collective, monumentale et pluridisciplinaire. Au fil du temps, cette exposition sera « amplifiée » par des performances musicales, cinématographiques, poétiques, mais aussi par des débats. De quoi changer, définitivement, nos idées préconçues sur le désert !
Informations pratiques :
- Du 11 juin au 2 octobre, du mercredi au dimanche de 12h à 19h
- Rez-de-chaussée des Magasins généraux, 1, rue de l’Ancien-Canal
- Gratuit
- Vernissage grand public avec la péniche Le Barboteur : vendredi 11 juin, à partir de 18h, place de la Pointe
- Première soirée festive dédiée à la performance, à la musique, à la poésie et au cinéma : vendredi 2 juillet
- Plus d’informations sur le site internet des Magasins généraux