Vie des quartiers
L'eau : un élément central à Pantin
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Deux siècles pour le Canal de l'Ourcq
Le canal de l’Ourcq a 200 ans cette année. Imaginé en 1802 en même temps que ses deux homologues parisiens, le canal Saint-Martin et le canal Saint-Denis, par Napoléon Bonaparte, c’est en 1822 qu’il devient navigable. Cet axe est alors conçu comme une voie de circulation et comme source d’approvisionnement de la capitale en eau potable. « Avant cette date, la population puisait l’eau dans la Seine ou dans les puits ce qui a entraîné de nombreuses épidémies de choléra », explique le guide-conférencier Jean Jacques Brilland, auteur de Mes balades d’Am’Ourcq (éditions Le Temps des cerises, 210 pages, 16 euros).
Sur l’eau, transitent alors des marchandises industrielles et des denrées provenant des « ventres de Paris » que sont les halles de La Villette, les Magasins généraux et les Grands Moulins, établis sur les rives et formant une barrière difficilement franchissable entre le nord et le sud de la ville.
Aujourd’hui encore, le canal et ses berges restent la propriété de la ville de Paris qui impose ses propres règles d’urbanisme, notamment la nécessité de payer une redevance pour la création d’ouvertures (fenêtres, portes) à moins de 6 mètres de l’ouvrage. Alors, si Pantin a longtemps tourné le dos à son canal, ce n’était pas par choix…
La revanche du 9-3
Lorsqu’il devient maire en 2001, le premier grand projet de Bertrand Kern est justement le retournement de la ville vers son canal. Débute alors la reconquête de ce qu’il conçoit non pas comme une fracture, mais bien comme une chance pour Pantin. Le nouveau plan local d’urbanisme circonscrit alors les activités économiques en rive nord et les zones d’aménagement concerté (ZAC) des Grands Moulins et du Port sont créées. Quant au déclin industriel, il a pour conséquence de libérer des terrains. C’est là que seront construits logements, commerces et espaces publics. En 2009, les Grands Moulins accueillent les salariés de BNP-Paribas Securities Services. Six ans plus tard, le quartier du Port commence à sortir de terre avec, pour navire amiral, les Magasins généraux. Amarrés à la place de la Pointe, ils sont inaugurés en 2016.
En rendant les berges aux habitants, la ville gagne dès lors en attractivité, laquelle se verra renforcée à l’été 2023 par l’ouverture d’un port de plaisance d’une quarantaine d’anneaux, dont certains seront réservés à des activités nautiques de loisirs. La même année, une passerelle, érigée à la faveur de la réhabilitation des halles Pouchard, permettra de relier la place de la Pointe aux Grandes Serres, nouveau lieu de vie où seront regroupées activités économiques, commerciales, culturelles et sportives.
« Le canal de l’Ourcq est aujourd’hui – et il le sera demain plus encore – un axe propice à la flânerie, aux rassemblements et aux loisirs, une percée offrant un horizon unique », observe le guide-conférencier Simon Labussière qui, les 10 et 27 juillet, animera une visite guidée des berges à l’occasion du jubilé de la voie d’eau. De son côté, son homologue Jean Jacques Brilland voit dans cet essor « une revanche sur la mauvaise image de la Seine-Saint-Denis ».
On se jette à l’eau !
La dolce vita au bord de l’eau… et même dans l’eau, comme l’espère Arthur Germain qui, l’an dernier, a remonté les 784 kilomètres de la Seine depuis sa source jusqu’au Havre. « C’est en participant aux courses de natation dans le canal de l’Ourcq que j’ai eu envie de relever ce défi », explique le jeune homme qui aspire au développement de la pratique de la natation en eau libre, une discipline olympique depuis 2008 que l’on pourra tester les 11 et 12 juin, puis le 27 août, en participant à l’Open Swim Stars et à Nage ton canal, deux compétitions qui ont pour théâtre les eaux de l’Ourcq.
Mais se baigner en plein air, les Pantinois peuvent déjà le faire aux beaux jours depuis l’année dernière. Au sein du parc Diderot, un bassin à ciel ouvert – inédit en première couronne – a en effet été inauguré en 2021. Cette année, sa réouverture est prévue le 11 juin. Les plus petits peuvent aussi apprendre à nager dans le bassin du gymnase Baquet, en attendant la réouverture, le 2 juillet, de la piscine Alice-Milliat (ex-piscine Leclerc).
Enfin, parce que l’eau reste le moyen le plus efficace pour supporter la chaleur, la ville est désormais parsemée de jeux d’eau déclenchables manuellement et de brumisateurs. Économes en termes de consommation, ces derniers sont installés, de manière pérenne ou saisonnière, dans les principaux parcs de la ville, les écoles mais aussi avenue Jean-Lolive et quai de l’Ourcq.
Calendrier évènementiel
> À l’occasion des 200 ans du canal, la ville organise des visites guidées animées par le conférencier Simon Labussière les dimanche 10 et mercredi 27 juillet et le dimanche 28 août à 14.00.
--> Réservation dès maintenant au 01 49 15 39 99 ou par mail à archivespatrimoine@ville-pantin.fr.
> Le 27 août, Nage ton canal revient ! Aux distances déjà existantes (250 m, 500 m, 1000 m, 3000 m), s’ajoute cette année le 5 000 m. Une manière rafraîchissante de lancer la rentrée sportive.
--> Inscriptions à venir sur le site internet du comité départemental FSGT 93.
3 questions à…
Bertrand Kern, maire de Pantin
Canal : Le canal a 200 ans cette année. Que représente-t-il pour la ville ?
Bertrand Kern : Autrefois fracture urbaine, à l’instar des voies de chemin de fer, de l’ex-Nationale 2 ou encore du cimetière, le canal est devenu un trait d’union entre les Pantinois. Il y a encore 25 ans, personne ne s’y promenait et il tournait le dos à la ville. Aujourd’hui, les Pantinois et les Parisiens s’y retrouvent et s’y rassemblent. Les nombreux événements qui y sont organisés – notamment place de la Pointe avec la kermesse nautique ou encore l’Été du canal – contribuent à en faire un lieu de retrouvailles et de fête.
Le secteur de la place de la Pointe, justement, connaîtra un nouvel essor très prochainement…
B.K. : Tout à fait. Un port de plaisance, comprenant une quarantaine d’anneaux, et une capitainerie s’y installeront à l’été 2023. Les embarcations de Marins d’eau douce y disposeront d’ailleurs d’une nouvelle halte. Ce port sera véritablement un atout pour le quartier qui, en outre, accueillera une antenne de l’École de management de Grenoble en septembre 2023. L’année suivante, un nouveau groupe scolaire y ouvrira ses portes, tout comme une crèche et des commerces. Des espaces verts et des logements accessibles à tous les Pantinois, notamment dans le cadre du Bail réel solidaire (BRS), y seront également créés.
Considérez-vous comme un devoir de service public que de donner à la population les moyens de se rafraîchir ?
B.K. : Bien sûr. À Pantin, nous nous attachons à transformer en actes les priorités que nous accordons aux préoccupations sociales et environnementales. Face au réchauffement climatique, qui entraîne des épisodes de chaleur extrême de plus en plus tôt et de plus en plus longs, il est nécessaire d’agir pour que les villes ne deviennent pas des fournaises. Or, l’eau est l’un des moyens de rafraîchissement les plus efficaces. Entre la piscine qui rouvrira le 2 juillet, le bassin Diderot – l’un des seuls en son genre en Île-de-France – remis en service le 11 juin, les bornes-fontaines, les points d’eau et les brumisateurs qui parsèment la ville, cet été les Pantinois auront la possibilité de se rafraîchir dans tous les quartiers.
Retrouvez les autres articles du dossier "Ici, l'eau est dans son élément", réalisé par Pascale Decressac, Guillaume Gesret, Anne-Laure Lemancel et Christophe Dutheil, publié dans Canal n°307, juin 2022 :
> "La piscine Leclerc devient Alice-Milliat et rouvre bientôt ses portes"
> "Le bassin du parc Diderot : un espace pour se rafraîchir"
> "En 2023, une régie publique de l'eau"
> "L'Été du Canal fête ses 15 ans"