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Musique

Les orchestres à Pantin

Avec l'Orchestre d'harmonie municipale et le dispositif Démos porté par la Philharmonie de Paris et déployé depuis l’an dernier aux Courtillières, les orchestres ont le vent en poupe à Pantin.
Extrait du dossier réalisé par Pascale Decressac, Hana Levy, Guillaume Gesret et Tiphaine Cariou, publié dans Canal n°310, octobre 2022.

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L’harmonie a du souffle

C’est peu dire qu’à Pantin l’harmonie municipale est une institution. Créée en 1881, cette formation, qui regroupe des musiciens amateurs de tous âges, fait partie des orchestres à vent les plus réputés de France.

Tous les vendredis soir, les 65 musiciens de l’Orchestre d’harmonie de Pantin se retrouvent pour répéter. Pour ce rendez-vous hebdomadaire, ils disposent désormais d’une salle au sein du nouveau conservatoire Jacques-Higelin. Ce qui frappe en pénétrant dans la pièce, c’est la grande disparité des âges. Cette association a en effet la particularité de regrouper des adolescents et des « vieux briscards » qui ont, derrière eux, plus de 40 ans de pratique. « Cette mixité apporte un élan. C’est stimulant pour les uns comme pour les autres », explique Jean-Jacques Franckel, président de l’association.

Dix concerts par an

Sous la baguette du chef d’orchestre Laurent Langard, le groupe peut s’enorgueillir de faire partie de  l’une des meilleures harmonies du pays puisque la Confédération musicale de France (CMF) les classe en Division d’honneur, « l’équivalent de la Ligue 1 en football », sourit Jean-Jacques Franckel. Une réputation qui le conduit à donner des concerts au Palais des congrès, au musée d’Orsay, à l’église de la Madeleine ou encore dans le jardin du Luxembourg. Les Pantinois ont évidemment l’opportunité d’assister à des représentations salle Jacques-Brel ou à l’occasion des événements qui jalonnent l’année. « Nous donnons des concerts à la Sainte-Cécile, la patronne des musiciens, à Noël et à Pâques. » L’harmonie entonne aussi La Marseillaise lors des commémorations officielles du 8-mai et du 11-novembre.

Grands écarts stylistiques

« Nous pouvons tout jouer ! », affirme, de son côté, le chef d’orchestre. En poste depuis 1992, il propose des programmes très variés. « En ce moment, nous travaillons l’œuvre de Antonio Carlos Jobim, l’un des maîtres de la bossa nova. Mais nous interprétons aussi des pièces symphoniques de Rachmaninov ou de Chostakovitch. » Laurent Langard apprécie par ailleurs les compositeurs de la nouvelle génération, à l’image d’Olivier Calmel ou de Frédéric Ligier. Et, pour plaire à un large public, il n’hésite pas à proposer des partitions populaires, comme les musiques de film de Nino Rota, de John Williams ou encore de Vladimir Cosma « Et oui, on a déjà joué la musique des Aventures de Rabbi Jacob ! », conclut-il.

Prochains concerts :

  • Samedi 10 décembre à 20.30 et dimanche 11 à 16.00
  • Auditorium du conservatoire Jacques-Higelin, 49, avenue du Général-Leclerc

La musique en s’amusant
Agnès Violet, flûtiste professionnelle et professeure dans un conservatoire parisien, a ouvert, il y a deux ans, rue Rouget-de-Lisle, des cours d’éveil musical. Depuis, le bouche-à-oreille a opéré. Chaque semaine, elle accueille ainsi 80 enfants, âgés de 2 à 8 ans. Par petits groupes de huit, ils découvrent les instruments et la pratique musicale à travers le jeu. « Mon objectif est qu’ils apprennent sans en avoir l’impression. » Une heure durant, les apprentis musiciens chantent et sautent sur un trampoline pour donner le tempo au copain placé à la batterie. « Il reste quelques places !, annonce Agnès Violet. Et je propose de tester mes cours à un tarif d’essai de 10 euros. »

> Renseignements et inscription par téléphone au 06 61 18 32 11
> Tarif annuel : 360 euros

 

Démos fait des merveilles

Après la rentrée des classes, place à la rentrée musicale ! Porté par la Philharmonie de Paris et déployé depuis l’an dernier aux Courtillières, le dispositif Démos revient en ce mois d’octobre. Plus motivés que jamais, les 15 enfants qui composent le groupe jusqu’en 2024 ont hâte de rejouer !

Ils sont 15, âgés de 7 à 10 ans et fréquentent le centre de loisirs Jean-Jaurès après l’école. L’an dernier, ils ont intégré le dispositif triennal Démos porté par la Philharmonie de Paris. Deux jours par semaine, ils troqueront, cette année encore, leurs cahiers contre des instruments à cordes : violons, altos, violoncelles et contrebasses.
Maïa, 7 ans et demi, fait partie de ces jeunes artistes. Conquis par le dispositif, ses parents la soutiennent et l’accompagnent. « C’est plus motivant pour les enfants de commencer par l’orchestre que de faire du solfège avant d’apprendre l’instrument et d’attendre plusieurs années pour jouer en groupe », estiment-ils.
En plus des ateliers bihebdomadaires, les enfants sont encouragés à s’entraîner chez eux. Ils participent également à des « tutti » où ils retrouvent les sept autres orchestres Démos d’Est Ensemble. Le 19 juin dernier en a été l’apothéose avec une représentation donnée dans le cadre exceptionnel de la Philharmonie de Paris. « On a fait du body clapping* puis un grand concert », explique Maïa que l’expérience n’a pas stressée, contrairement à sa camarade Nyla, 9 ans, contrebassiste également, qui a été très impressionnée. Impressionnante aussi fut la rencontre avec Kylian Mbappé, flûtiste à ses heures perdues.

Encouragés à poursuivre

Pantin est impliqué dans ce dispositif, qui s’adresse exclusivement à des enfants vivant dans des quartiers prioritaires et n’ayant pas de pratique musicale antérieure, depuis sa création en 2010. « Il s’agit d’un projet à la fois musical et social qui engage toute la famille sur trois ans, précise Caroline Heudiard, la coordinatrice. Les enfants doivent répéter deux fois par semaine et participer à de nombreux rassemblements. »
Les instruments sont prêtés aux jeunes participants pendant toute la durée du projet et même au-delà s’ils décident de poursuivre la musique au conservatoire, ce que Nyla imagine déjà. « Même s’ils ne continuent pas, ces trois années d’initiation les auront déjà enrichis », assure la musicienne Matilde Païs. En charge du Programme de réussite éducative des Courtillières, Diarra Sene, qui avec l’animatrice Fatiha El Fennani a accompagné le groupe, ajoute : « Au fil de l’année, on a constaté des progrès en termes d’écoute et de compréhension, y compris à l’école. »
Car, au-delà de la fenêtre musicale, Démos entend stimuler la curiosité tous azimuts. Au programme cette année, des sorties culturelles au théâtre ou au cirque, mais aussi le recueil du patrimoine musical des familles qui servira de matière à une future composition. « La musique voyagera ainsi non seulement de la Philharmonie vers les familles, mais aussi en sens inverse », conclut Caroline Heudiard.

* Le Body clapping est un genre musical qui produit des mélodies ou des rythmes en utilisant le corps comme instrument de musique.

 

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