Développement durable
Pour voir la vi(ll)e en vert
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Amélioration de la qualité de l’air, sanctuarisation de la place de la nature en ville, diminution des consommations énergétiques, recyclage des déchets, promotion de l’écoconstruction… À l’occasion de la Semaine du développement durable, qui se déploie cette année du 12 au 18 mai, zoom sur les actions conjuguées de la ville, des habitants et des entreprises pour réussir la transition écologique de Pantin.
Dossier réalisé par Guillaume Gesret, publié dans Canal n°278, mai 2019.
Si en matière de développement durable, Pantin agit depuis plusieurs années, la ville a récemment réalisé un diagnostic énergétique complet des 200 bâtiments municipaux afin de déterminer les équipements à rénover « thermiquement » en priorité. Pour cela, elle débloque un peu plus d’un million d’euros par an dans le cadre d’un plan qui court jusqu’en 2024. Cette année, ce sont le centre de loisirs Prévert et l’école Charles-Auray-Paul-Langevin qui bénéficieront de travaux.
Dans les prochains mois, le toit de l’école Cachin se verra coiffé de panneaux photovoltaïques qui permettront de produire de l’électricité. D’ores et déjà, l’eau de certains gymnases est chauffée grâce à l’énergie solaire.
Exemplaires écologiquement, les constructions neuves le sont aussi. Pour contraindre les promoteurs à réaliser des opérations immobilières respectueuses de l’environnement, la ville a cette année « verdi » son Plan local d’urbanisme, lequel impose dorénavant la végétalisation des toitures de plus de 100 m2, l’augmentation des espaces libres et de pleine terre sur les parcelles d’habitation ou encore la plantation d’arbres consommant peu d’eau.
Innovations
Le centre municipal de santé, qui ouvrira en 2021 avenue Édouard-Vaillant à la lisière du futur écoquartier, sera particulièrement innovant avec son architecture bioclimatique, sa chaudière biomasse, sa terrasse végétalisée, ses bornes électriques de recharge de véhicules ou encore son bassin pour récupérer les eaux de pluie. L’innovation est d’ailleurs le nerf de la guerre en matière de développement durable. Depuis peu, Pantin récupère et trie les déchets des marchands de fruits et légumes à la fin des marchés et collecte de la sorte près de 7 000 kilos de bio-déchets par mois qui sont réutilisés pour produire du biogaz ou fabriquer du compost. En 2017, la commune a été la première d’Île-de-France à renouveler son réseau d’éclairage public avec des ampoules LED, tout comme elle avait été la première ville de Seine-Saint-Denis à adopter un Agenda 21* en 2006. Une réflexion est actuellement en cours sur l’exploitation de la géothermie, ce système de chauffage qui exploite la chaleur de la croûte terrestre, sur le territoire. La liste est longue et figure d’ailleurs sur la feuille de route que constitue le Plan climat air énergie territorial, voté en 2017 par le conseil municipal.
* Programme local d’actions en faveur du développement durable.
Tous acteurs !
Pour atteindre des résultats probants, impliquer les habitants est nécessaire. Si la Semaine du développement durable constitue le temps fort de la sensibilisation, c’est bien toute l’année que deux médiatrices de la ville aident les écoliers à prendre conscience des enjeux environnementaux ou que des actions de sensibilisation aux écogestes sont menées.
La ville délivre aussi des permis de végétaliser aux habitants qui projettent de transformer des petits bouts d’espace public en jardinets ou en parterres de fleurs. Les amateurs de jardinage sont également encouragés à fleurir leurs terrains ou balcons dans le cadre de l’opération Un jardin côté rue, qui débute ce mois-ci et se soldera en septembre par une remise de prix.
À ces incitations, s’ajoute l’accompagnement de projets plus ambitieux. En ce moment, la commune, qui sert déjà plus de 20 % d’aliments bio aux écoliers, soutient le collectif qui prévoit d’ouvrir un lieu dédié au bien-manger. Les producteurs locaux, les associations et les revendeurs bio qui portent cette Maison des circuits courts sont en train de travailler sur leur modèle économique et de chercher des locaux adaptés.
Charline Nicolas, adjointe au maire déléguée au Développement durable et à l’Environnement,
Philippe Lebeau, conseiller municipal délégué à l’Énergie, aux Transports et à la Lutte contre les pollutions.
Contact
La Semaine du développement durable est l’occasion de fédérer l’ensemble des acteurs pantinois agissant en faveur de l’environnement. Pour découvrir les nombreuses initiatives ludiques et familiales proposées du 12 au 18 mai, procurez-vous sans plus attendre le programme détaillé disponible dans tous les lieux publics municipaux ou consultez-le sur le site internet de la ville de Pantin.
À noter que le temps fort de cette semaine aura lieu autour d’un marché paysan, le dimanche 12 mai, de 10.00 à 18.00, place de L’Église.
QUESTIONS À…
Charline Nicolas, adjointe au maire déléguée au Développement durable et à l’Environnement,
Philippe Lebeau, conseiller municipal délégué à l’Énergie, aux Transports et à la Lutte contre les pollutions.
Mener des politiques publiques ambitieuses en faveur du développement durable revient-il à conduire des initiatives innovantes ?
Charline Nicolas et Philippe Lebeau : Bien entendu. Les enjeux environnementaux poussent à entreprendre des démarches originales et pionnières, à ouvrir le champ des possibles. Si nous remontons à 2010, le groupe scolaire Saint-Exupéry a été l’un des premiers à énergie positive de France. En 2015, la ville a été le bon élève du département quand elle a obtenu le label ÉcoJardin pour le parc de la Manufacture des tabacs. Aujourd’hui, être innovant se traduit par la construction d’un équipement remarquable sur le plan environnemental pour accueillir le futur CMS des Quatre-Chemins, à mettre en œuvre la zone à faibles émissions (ZFE) pour limiter la pollution automobile ou encore à soutenir la création d’un lieu des alternatives alimentaires.
Comment la ville peut-elle relever le défi de l’exemplarité ?
C.N. et Ph. L. : Comme en témoigne le plan action climat de la ville, il y a de nombreuses opérations prévues. L’idée est d’avoir le réflexe développement durable dans tous nos actes. Cela passe, par exemple, par des clauses environnementales dans tous les marchés de la ville, la sensibilisation des agents municipaux aux écogestes, une réduction des déchets pour les événements organisés par la ville, à l’image des Foulées pantinoises, ou encore des actions structurantes comme notre plan de rénovation énergétique 2019-2024 ou le futur écoquartier. En la matière, la municipalité n’agit plus au coup par coup et chaque acte, petit ou grand, compte.
Cette volonté et cette cohérence sont-elles des conditions indispensables avant d’encourager les habitants à agir en faveur de l’environnement ?
C.N. et Ph. L. : Si la ville prend ses responsabilités en agissant, la mise en œuvre de ces politiques publiques passe indiscutablement par leur appropriation par les habitants et, nous insistons, par tous les habitants. Nous savons que ce sont les plus démunis qui seront le plus touchés par les effets du réchauffement climatique. L’enjeu consiste donc à impliquer tout le monde. Les formations aux écogestes et la remise du kit d’économie d’énergie à des familles en grande précarité sont à ce titre emblématiques. Un autre exemple est la prime « verte », mise en œuvre dès juillet, pour aider les familles à acheter un véhicule propre. Il est impératif que le progrès environnemental soit synonyme de progrès social.
QUESTION DIRECTE
Didier Méreau, responsable du pôle Espaces verts
Pourquoi, malgré une politique volontariste de protection des arbres, la ville en abat-elle encore ?
Les arbres ne sont abattus qu’en cas de danger pour les habitants ou de risque pour la santé des végétaux alentours. Les chutes d’arbres malades doivent être évitées pour des raisons de sécurité évidentes. Pour un arbre abattu, la ville en replante au minimum deux mais pas forcément au même endroit. En 2018, 13 arbres ont été retirés alors que 156 ont été plantés. Il faut comprendre que l’arbre n’est pas fait pour vivre en ville où il peut subir des chocs et être fragilisé par des bactéries qui infectent les plaies. Pour l’aider à résister aux agressions du milieu urbain, nous mettons en place des mesures de protection, à l’image de la charte de l’arbre. Fait assez rare pour être souligné, la ville a également recruté un expert arboricole qui connaît et suit au quotidien leur état sanitaire.
Bien comme un arbre en ville
Pour développer la place de l’arbre à Pantin et protéger les spécimens existants, la municipalité s’apprête à publier une ambitieuse charte. Objectifs : verdir la ville et lutter contre le réchauffement climatique.
En 2019, 250 nouveaux arbres seront plantés à Pantin. À ce jour, la ville compte plus de 5 000 sujets, avec des essences diversifiées et remarquables, constituant un véritable arboretum, lequel devrait s’étendre à 6 000 spécimens d’ici quelques années. Tous ces arbres ont fait l’objet d’un diagnostic phytosanitaire, réalisé par un expert arboricole, employé à temps plein par la ville. Des efforts qui ont valu à la commune d’obtenir, en 2015, le label Arbre d’avenir.
Aujourd’hui, la ville est sur le point de passer à une étape supérieure en publiant une charte de l’arbre. Ce document visera à contraindre les bailleurs, promoteurs et concessionnaires de réseaux (EDF, GrDF, Veolia, Orange…) à protéger les arbres quand travaux de voirie et d’aménagement il y a. « Creuser une tranchée ou installer un échafaudage peut blesser les arbres, explique Didier Méreau, le responsable des espaces verts. En signant cette charte, les responsables des travaux s’engageront à respecter les arbres et encourront des sanctions dans le cas contraire. »
Îlots de fraîcheur
La charte permettra donc de reconnaître la place et le rôle écologique de l’arbre. Mathieu Monot, adjoint au maire en charge de la Qualité de l’espace public, rappelle que l’enjeu est de lutter, « même modestement », contre le réchauffement climatique. « Les Pantinois ont droit à des îlots de fraîcheur. Les arbres ne sont pas seulement là pour faire joli, ils absorbent le CO2 et contribuent à faire de Pantin une ville résiliente. Ainsi, dès que nous le pouvons, nous plantons des arbres afin de briser l’aspect minéral de certaines rues. »À chaque requalification, des arbres viennent ainsi embellir les artères de la ville. Prochainement, ce sera le cas des rues Charles-Auray et Candale, en cours de rénovation, et dans les années à venir, des ex-RN2 et RN3.
HAVRES DE BIODIVERSITÉ
Une gestion plus respectueuse de l’environnement a valu à la ville d’obtenir le label ÉcoJardin pour le parc de la Manufacture des tabacs. Et ce n’est qu’un début !
Tous les jardiniers municipaux que nous avons rencontrés l’affirment : leur métier a considérablement évolué. Tous ont en effet banni l’usage des produits phytosanitaires et ont été formés à la gestion différenciée qui permet, entre autres, de sanctuariser certains espaces pour la biodiversité. Et c’est bien grâce à ces approches plus respectueuses de l’environnement que la ville s’est vue décerner, en 2015, par l’Agence régionale pour la nature et la biodiversité, le label national ÉcoJardin pour le parc de la Manufacture des tabacs. « Ce label nous oblige à être meilleurs. D’ailleurs, nous candidatons pour l’ensemble des parcs de la ville cette année », affirme Didier Méreau.
Cette gestion plus naturelle se traduit par la construction d’abris à insectes, l’installation de massifs de plantes de collection ou encore par l’aménagement d’aires de jeux en bois. La ville a également revu le système d’arrosage en optant pour un dispositif automatisé, au goutte-à-goutte. Un bassin enterré a même été aménagé pour récupérer et réutiliser l’eau de pluie. Résultat : aujourd’hui, papillons, oiseaux et écureuils, mais aussi renards, reviennent dans les parcs de la ville. Car de la qualité des milieux naturels dépend la diversité de la faune…
Écopâturons avec Robert et Albert !
Robert et Albert sont comme chez eux dans le parc Barbusse. Les deux moutons bruns, arrivés en février de leur Bretagne natale, y disposent d’un espace clôturé doté d’un abri et d’un abreuvoir. Tous les dix jours, ils reçoivent la visite de Jojo, leur berger, qui vérifie qu’ils se portent bien. Parfois, ils s’absentent pour effectuer des contrôles sanitaires plus poussés. Mis en place pour la première fois à Pantin, l’écopâturage évite de tondre les pelouses avec des machines qui nuisent à la biodiversité.
S’engager pour la qualité de l’air
À partir du 1er juillet, les véhicules Crit’Air 5 et non classés auront un droit restreint de circulation à Pantin.
Le maire, Bertrand Kern, justifie la mise en place, par la métropole du Grand Paris, de la zone à faibles émissions (ZFE).
Une étude récente montre qu’un tiers des cas d’asthme chez les enfants parisiens est lié à la pollution automobile. Il est également établi que plusieurs milliers de morts prématurées sont dues à la mauvaise qualité de l’air en région parisienne. « Face à ces données objectives, soit nous restons les bras croisés, soit nous agissons,martèle Bertrand Kern.La mise en place de la zone métropolitaine à faibles émissions est une façon d’agir, une première pierre pour améliorer la qualité de l’air. »
Voulue par la métropole du Grand Paris, la ZFE concerne 79 communes situées entre le périphérique parisien et l’A86. À partir du 1er juillet, les véhicules classés Crit’Air 5 et non classés n’auront plus le droit d’y circuler en semaine entre 8.00 et 20.00.
Une prime pour acheter une voiture propre
Le principe de ce nouveau dispositif consiste donc bel et bien à encourager les Franciliens à investir dans des véhicules moins polluants, ce qui peut être compliqué pour les familles qui n’en ont pas les moyens. « J’entends cet argument, explique Bertrand Kern. Je ne suis pas partisan d’une écologie punitive. C’est pourquoi le conseil municipal a voté la création d’une prime écologique pantinoise versée aux habitants qui achèteront une voiture propre. La ville de Pantin est pionnière en la matière. » Dès juillet, ce coup de pouce – allant jusqu’à 1000 € (lire encadré) – complétera les aides, déjà existantes, de l’État, de la Région et de la métropole du Grand Paris. « Les Pantinois ont la chance de disposer d’un formidable réseau de transports en commun qui constitue une alternative à la voiture », ajoute le maire.
Évidemment, les agents de la police municipale ne « vont pas tomber à bras raccourcis »sur les automobilistes en infraction durant les premières semaines. « La zone à faibles émissions participe à la prise de conscience. Les autorités doivent faire preuve de pédagogie pour bien faire comprendre qu’il en va de la qualité de l’air que nous respirons tous », conclut Bertrand Kern.
Le site de la Métropole du Grand Paris
Comment bénéficier
de la prime écologique pantinoise ?
Pour bénéficier de la prime, contactez les services municipaux à l’adresse mail suivante : aide-mobilite@ville-pantin.fr ou rendez-vous au centre administratif muni d’un justificatif de domicile, de la carte grise du nouveau véhicule (acheté à partir du 1er janvier 2019) et du dernier avis d’imposition. Pour les ménages imposables, le montant de la prime est de 500 € pour l’achat d’un véhicule propre neuf ou d’occasion (Crit’Air 1 ou 2, électrique ou hydrogène). Pour les ménages non imposables, son montant est de 500 € pour l’achat d’un véhicule propre d’occasion (Crit’Air 1 ou 2, électrique ou hydrogène) et de 1000 € pour l’achat d’un véhicule neuf répondant aux mêmes critères.
Centre administratif, 84-88, avenue du Général-Leclerc
ZOOM SUR…
EN VILLE SANS MA VOITURE
• Dimanche 22 septembre, la ville participera à la Journée mondiale sans voiture. Cette opération concernera plusieurs voies, dont certains axes ordinairement très empruntés.
• Le quai de l’Ourcq va devenir piéton toute l’année, du pont de l’avenue du Général-Leclerc à la rue La Guimard. Des travaux débuteront prochainement afin de végétaliser le quai et d’installer du mobilier urbain de qualité pour les promeneurs.
• La ville est également en train de mettre sur pied un plan vélo.
Ciel, des panneaux solaires !
La ville met en ligne un « cadastre solaire » pour aider les habitants qui se demandent s’ils ont intérêt, ou pas, à installer des panneaux solaires sur leur toit. Explications.
Ma toiture est-elle adaptée à l’installation de panneaux solaires ? Quels gains puis-je escompter et en combien d’années vais-je rentabiliser mon investissement ? Autant de questions que se posent tous ceux qui souhaitent installer des panneaux photovoltaïques chez eux. Bientôt, ils pourront obtenir une réponse en un clic en se connectant à la plate-forme dédiée, mise en ligne par la ville.
Ce cadastre solaire interactif, réalisé par un bureau d’études à partir de photos aériennes, inventorie le potentiel en matière de production d’énergie solaire de l’ensemble des toits de la ville : maisons individuelles, immeubles ou locaux d’entreprises. L’application permet ensuite d’évaluer la surface optimale pour l’installation des panneaux photovoltaïques, d’estimer les gains ainsi que la production en kilowattheure par an. Si les conditions d’ensoleillement ne sont pas satisfaisantes, l’interface indique qu’aucune configuration rentable n’est trouvée.
Aide à la décision
Pour bénéficier de cette aide personnalisée à la décision, les Pantinois doivent seulement indiquer leur adresse postale. Ils disposeront aussitôt d’une simulation financière précise et gratuite. Très lisibles, les informations fournissent une estimation réaliste et une liste de professionnels fiables. En démocratisant ainsi l’accès au solaire, la municipalité facilite l’émergence d’un système énergétique écologique et citoyen. Disponible courant juin sur le site internet de la ville de Pantin.
Coup double sur les économies
Depuis l’an dernier, les ménages ayant des difficultés à payer leurs factures d’électricité ou d’eau sont invités par les assistantes sociales de la ville à participer à des ateliers de sensibilisation aux écogestes, durant lesquels un animateur de l’association Croix-Rouge Logicités leur délivre, de manière ludique, des astuces pour réduire leurs consommations – et donc leurs factures – d’énergie. Et, pour aider à adopter définitivement ces gestes simples, un kit d’économie d’énergie – comprenant des ampoules basse consommation, des multiprises avec interrupteur ou encore des réducteurs de débit à fixer au robinet – est remis aux participants à la fin de chaque séance. Le dispositif prévoit également qu’une visite technique soit effectuée au domicile des participants afin de comprendre les raisons d’une consommation d’énergie excessive. Depuis avril 2018,une cinquantaine de familles a bénéficié de cette action inscrite au Plan climat de la ville.
Une cité dédiée à l’écoconstruction
En 2021, la Halle Papin accueillera la Cité de l’écohabiter qui rassemblera, sous un même toit, des professionnels spécialisés dans l’écoconstruction et l’économie verte. Architectes, paysagistes, designers, artisans… s’installeront dans des ateliers ou des bureaux loués à des tarifs raisonnables – la volonté d’Est Ensemble, qui porte le projet, étant de permettre aux artisans et aux entrepreneurs locaux de prospérer sur le territoire. Les travaux démarreront à l’automne et permettront d’aménager une pépinière de 1 600 m2destinée aux jeunes start-up, ainsi qu’un hôtel d’entreprises de 1 700 m2. La Cité de l’écohabiter abritera également un restaurant et un showroom.
Une vie peut en cacher une autre
Repenser les modes de production et de consommation en donnant une seconde vie aux objets usagés permet d’optimiser l’utilisation des ressources naturelles et de limiter les déchets. Présentation de trois champions pantinois du secteur de l’économie circulaire, dont la réputation dépasse largement
les frontières de la ville.
La Réserve des arts
Les créateurs ont leur caverne d’Ali Baba et elle se situe rue Cartier-Bresson. Dans un entrepôt de 1 000 m2, ils dénichent des chutes de cuir, de textile, de bois, de plastique… Bref, tout ce que la Réserve des arts a récupéré dans les entreprises et dans les institutions culturelles avant de les valoriser. L’an dernier, l’association a récupéré 147 tonnes de produits et en a revendu 150. Un modèle vertueux et innovant, en pleine expansion dix ans après sa création.
Site internet de la Réserve des arts
Lemon tri
Basée rue Denis-Papin, la société Lemon tri a mis au point, en 2011, une machine « intelligente » qui incite à trier en récompensant de cadeaux les bons élèves. Un service clé en main de recyclage du plastique, du verre et du papier qu’elle installe dans des entreprises, gares et centres commerciaux. En 2017, les 300 machines de Lemon tri ont permis de recycler 400 tonnes d’emballages.
Comme à la Réserve des arts, les dirigeants de Lemon tri sont victimes de leur succès et commencent à se sentir à l’étroit dans leur local. Des négociations sont actuellement en cours avec la SNCF pour relocaliser les deux structures dans un même entrepôt situé à deux pas de la Cité fertile.
Emmaüs Coup de main
Recycler les objets, leur donner une deuxième vie : c’est ce que propose Emmaüs dans ses boutiques de l’avenue Édouard-Vaillant. Et, pour valoriser un peu plus meubles, électroménager, vaisselle et vêtements destinés à la poubelle, l’association part cette année à la rencontre des habitants des Courtillières pour collecter en pied d’immeuble. « En février, nous avons recueilli 929 kilos de vêtements, de meubles, de livres, de vaisselle… », se réjouit-on du côté de l’association. Une opération que tout le monde voit d’un bon œil : les Pantinois qui ont l’opportunité de vider leur cave, tout comme les services d’Est Ensemble pour qui cette proposition est une manière de réduire les tas sauvages.
31, avenue Édouard-Vaillant (01 48 44 44 92)
AGRICULTURE URBAINE
Ça va pousser sur les toits
En 2020, les 2 400 m² de toit du centre technique municipal (CTM) se transformeront en ferme urbaine, capable de produire plus de 65 tonnes de légumes et de fruits par an. Derrière ce projet, on retrouve la société Agripolis, lauréate de l’appel à projets Pariculteurs, le programme d’agriculture urbaine de la ville de Paris. Au CTM, c’est la technique de l’aéroponie, qui consiste à faire pousser les plantes sur des colonnes creuses de deux mètres de hauteur, qui sera utilisée. L’usage d’engrais chimiques et de pesticides sera bien évidemment proscrit et la production devrait trouver des débouchés locaux, chez les commerçants ou dans les cantines.
Et vous, vous faites quoi pour l’environnement ?
Surfer sur la vague de l’écologie
Rendre ludique la problématique des déchets plastique qui polluent les océans, c’est l’idée d’un projet en cours au collège Lavoisier.
"L’océan est devenu la plus grande poubelle du monde. Si un Francilien jette des déchets plastique dans le canal de l’Ourcq ou dans la Seine, ils termineront dans la Manche, souligne Sébastien Gosselet, professeur d’EPS au collège Lavoisier. C’est le message que je veux faire passer à mes élèves. " C’est pourquoi, il a établi un partenariat avec l’ONG Surfrider Foundation qui, depuis 25 ans, œuvre à la protection des océans. Ce mois-ci, un intervenant de l’association rencontrera les élèves au collège pour leur expliquer comment réduire leurs déchets plastique et un animateur d’Est Ensemble interviendra pour leur apprendre l’art des gestes écologiques.
De la théorie à l’action
À la fin du mois, les 32 élèves du groupe, issus de toutes les classes du collège, nettoieront les berges du canal, entre la mairie de Pantin et les Magasins généraux. « Pour qu’ils s’imprègnent bien de ces problématiques, j’applique une pédagogie ludique qui met les élèves en position d’acteurs. Faire un cours magistral ou faire la morale n’aurait aucun effet », glisse le professeur. Le projet se conclura en juin par un séjour de quatre jours aux Sables-d’Olonne où les collégiens vont découvrir la pratique du surf. « Sur place, les élèves nettoieront aussi la plage et découvriront tous les déchets plastique rejetés par l’océan »,préciseSébastien Gosselet.
GALLIA BRASSE PLUS VERT
Depuis son installation à Pantin, Gallia recycle les déchets générés par la production de sa bière.
" On ne va pas se mentir, la production de bière est consommatrice d’énergie, alors nous faisons preuve d’imagination pour valoriser nos résidus », explique en préambule Olivier Duboué, directeur du bar. Si les brasseurs récupèrent déjà l’eau et la vapeur d’eau pour économiser cette ressource, ils sont en train, avec l’aide d’un bureau d’études spécialisé dans l’environnement, de concevoir un dispositif original pour chauffer la partie bar de l’entrepôt de la rue Méhul. L’idée ? Utiliser les drèches – les résidus de malt –, et leur chaleur pour produire du gaz qui sera injecté directement dans le système de chauffage. Un projet innovant pour la réalisation duquel ils sont aidés par des étudiants d’une école d’ingénieur.
Tout est bon dans les drèches !
Depuis son installation en 2016 à Pantin, l’entreprise a l’habitude d’utiliser les résidus de malt. Après les avoir livrés aux agriculteurs qui en nourrissaient leur bétail, puis à des chercheurs en cosmétique, Gallia confie aujourd’hui l’essentiel des 500 tonnes annuelles de drèches à des méthaniseurs qui s’en servent pour produire du gaz. « Comme les drèches sont comestibles, des acteurs de l’agroalimentaire en font aussi des saucisses ou des crackers commercialisés en Allemagne », sourit Olivier Duboué. Des Pantinois récupèrent également ces résidus pour les répandre sur les sols des jardins partagés. « Les drèches sont à la disposition de tout le monde, il y a même un artisan qui les utilise pour fabriquer des meubles », conclut-il.
CHRISTINE CLIN & DOMINIQUE HAMMEN, planteuses d’arbres fruitiers
Nous plantons, avec la complicité de la ville, des arbres fruitiers dans les parcs de Pantin. Notre projet a été retenu lors de la première édition du budget participatif. Nous disposons donc d’une enveloppe budgétaire pour une trentaine d’arbres. Les huit premiers (abricotiers, cerisiers, pommiers, reine-claudiers…) ont été mis en terre en avril au square Lapérouse, dans le quartier des Quatre-Chemins. Des arbres seront également plantés dans le parc du 19-mars-1962, au parc Stalingrad, au square Montgolfier... Nous souhaitons ensuite géolocaliser l’ensemble pour indiquer aux Pantinois où ils peuvent goûter des fruits gratuitement. Cette année, nous aimerions aussi intervenir auprès des enfants des écoles pour leur montrer toutes les recettes que l’on peut réaliser avec ces fruits.
CÉCILE LECLERC, participante au défi Familles à énergie positive
Grâce au kit fourni par Est Ensemble, organisateur du défi, mon mari et moi avons découvert plusieurs astuces pour réduire nos consommations d’énergie. Nous avons par exemple installé une poche dans le réservoir de la chasse d’eau pour limiter le volume d’eau à chaque tirage et doté nos robinets de mousseurs. Nous avons également branché des multiprises avec interrupteur pour éviter les dépenses des appareils en veille. Nos habitudes quotidiennes ont quelque peu changé, sans que nous ayons pour autant perdu en confort. En nous organisant autrement et en adoptant de nouveaux réflexes, nous réussissons à réduire nos consommations d’énergie et à alléger nos factures.
BENOÎT DELPECH, pêcheur à l’aimant
Je sors les déchets en ferraille du canal, et je trouve de tout : épaves de scooter, vélos, filtres de vidange, outils… J’ai même mis la main sur une baïonnette datant de la guerre ! L’idée de “pêcher” la ferraille dans le canal m’est venue grâce à une vidéo postée sur internet. L’initiative est simple et pertinente : il suffit d’acheter des aimants qui sont capables de sortir jusqu’à 200 kg de ferrailles de l’eau. À vrai dire, cette activité est plutôt plaisante, je m’y mets en sortant du travail avec un copain pour décompresser. Comme pour les pêcheurs de poissons, il y a un suspens, un effet de surprise quand “ça mord à l’hameçon”. C’est agréable, car la plupart des passants nous félicitent et sont effarés, comme nous, de voir ce que les gens peuvent jeter dans le canal.
LOUIS-VALÈRE MARIELLE, usager d’un lombricomposteur
J’ai installé il y a deux ans un lombricomposteur, fourni par Est Ensemble, dans le cellier de notre appartement. Pour apprendre à m’en servir, j’ai d’abord suivi une formation qui m’a permis de lister tous les déchets que je pouvais mettre dans cette « boîte » : épluchures de légumes, restes de fruits, fleurs… Au départ, nous craignions avec ma femme les mauvaises odeurs, mais il n’y en a pas si le bac est régulièrement aéré. D’autres astuces existent pour éviter l’arrivée d’insectes. Je suis très content car nous avons réduit le volume de nos déchets par deux. Aujourd’hui, notre composteur produit du thé de compost qui a un effet prodigieux sur les plantes. Mes amis m’en réclament régulièrement !
Pour obtenir un composteur ou un lombricomposteur auprès d’Est Ensemble : contactez Info déchets au 0 805 055 055. Une formation gratuite de 2 heures, dispensée par les agents du territoire, est requise avant toute obtention.