Solidarité
Spécial confinement #2 - La solidarité à Pantin
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Faire face à l’urgence sociale
À l’échelle nationale comme au niveau local, tous les voyants sociaux virent actuellement au rouge. Alors, pour venir en aide aux plus fragiles, la ville met actuellement en place une série de mesures destinées à les empêcher de sombrer dans la très grande précarité. Revue de détails.
Certains faits en disent parfois bien plus qu’un long discours. Ces dernières semaines par exemple, les files d’attente devant les locaux du Secours populaire, de la Croix Rouge ou des Restos du cœur n’ont cessé de s’allonger les jours de distribution alimentaire. « Tous les indicateurs fournis par les associations locales de solidarité et les agents municipaux du pôle Social sont alarmants », confirme Bruno Carrère, adjoint au maire en charge des Actions sociales et solidaires.
Depuis le mois de mars, le nombre de bénéficiaires pantinois de l’aide alimentaire a en effet bondi de près de 30 %. Dans le même temps, le pôle Social a accueilli 140 % de nouveaux usagers en plus. Certaines estimations nationales réalisées par les associations de solidarité indiquent, en effet, qu’un million de Français sont passés sous le seuil de pauvreté depuis le début de la crise sanitaire. Ramené à la ville, cela représente plus d’un millier d’habitants qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts.
Des repas solidaires financés par la ville
« Nous ne devons laisser personne en dehors des radars, insiste Bruno Carrère. Pour ce faire, les agents municipaux et les associations ont, ces derniers mois, renforcé leur coordination pour venir en aide aux habitants les plus précaires. »
Prochainement, la ville financera en outre la préparation hebdomadaire d’environ 1 500 repas chauds, confectionnés par les cuisiniers du restaurant d’insertion Le Relais. Charge ensuite aux associations, telles que le Secours populaire, la Croix Rouge, la Protection civile ou encore les Restos du cœur, de les distribuer pendant leurs maraudes. Autre mesure entérinée par l’équipe municipale : la création de tickets donnant le droit à une aide alimentaire d’urgence. Les étudiants isolés, qui n’ont plus accès aux restaurants du Crous, et les familles fragilisées suivies par les services de la ville pourront ainsi bénéficier d’un plat et d’un dessert à retirer au restaurant de la rue Victor-Hugo. À noter que, dans le cadre du plan grand froid, Pantin a également demandé à cet établissement de préparer 50 à 100 repas par jour, lesquels seront offerts au centre d’hébergement d’urgence du stade Marcel-Cerdan géré par Le Refuge.
Recrutement de deux travailleurs sociaux
Si la priorité est donnée à l’alimentation, les agents du pôle Social sont également sollicités pour résoudre d’autres problèmes. De plus en plus de Pantinois se retrouvent par exemple en difficulté, faute de pouvoir faire valoir leurs droits. « Il existe un public, composé d’autoentrepreneurs, de freelances, etc., qui n’a pas l’habitude de demander de l’aide. Beaucoup d’entre eux ne parviennent donc pas à déclarer leur situation en ligne, ce qui est pourtant la condition sine qua non pour bénéficier de nombreux dispositifs », précise-t-on du côté du pôle Social. Ce constat a poussé la ville à renforcer les permanences d’accès aux droits au sein des maisons de quartier. Pour cela, elle s’apprête à recruter deux travailleurs sociaux qui auront pour mission d’accompagner les usagers dans leurs démarches.
Des aides exceptionnelles plus élevées
Parallèlement, Pantin augmente sa subvention au CCAS afin de relever le plafond des aides exceptionnelles, accordées ponctuellement aux familles en grande précarité. « Mais la solidarité repose aussi sur le regard bienveillant que l’on porte sur les personnes qui nous entourent », complète Bruno Carrère. C’est pourquoi un numéro de téléphone, destiné à faciliter les signalements des personnes en détresse, sera bientôt mis en service et largement diffusé auprès de la population. « Alerter sur des situations sociales particulièrement difficiles évitera que des Pantinois restent sur le bord de la route », conclut l’adjoint au maire.
Le Noël solidaire maintenu !
En raison du contexte sanitaire, les associations de solidarité, en partenariat avec la ville, revoient le format du Noël solidaire. Au lieu de se dérouler sur deux jours avec une séance de cinéma, un dîner et un spectacle, l’édition 2020 se tiendra sur une seule journée dans les maisons de quartier, évidemment décorées comme il se doit pour l’occasion.
Samedi 12 décembre, 1 500 bénéficiaires sont attendus. Les personnes isolées sont invitées à se présenter le matin et recevront un coffret de friandises et des produits d’hygiène. L’après-midi, ce sont les familles qui seront accueillies. Près de 800 enfants se verront ainsi offrir des livres et des chocolats.
Les bénévoles des structures qui se joignent à l’opération prévoient également une tournée pour remettre des coffrets cadeaux directement au domicile de ceux qui, à cause de l’épidémie, préfèrent ne pas sortir. Pour cela, des agents municipaux et des élus leur prêteront main-forte.
Front commun associatif
Les associations de solidarité du territoire unissent leurs forces pour répondre aux besoins de tous ceux qui basculent dans la pauvreté. Reportage.
Comme tous les jeudis soir, quatre bénévoles de la Croix Rouge sillonnent Pantin à bord d’une camionnette pour effectuer une maraude. Mais, en ce jeudi 12 novembre, ils ont demandé du renfort aux collègues du Secours populaire et de la Protection civile pour assurer une distribution alimentaire à la sortie de la station de métro Raymond-Queneau. « Depuis quelques semaines, le nombre de personnes que nous voyons passer a explosé, explique Julien, bénévole à la Croix Rouge. D’ordinaire, on donne de la soupe à une dizaine de bénéficiaires. Ce soir, ils sont plus de soixante… » Marie, une autre volontaire, remarque la présence de familles dans la file qui serpente à l’arrière du camion. « C’est la première fois qu’il y a autant de femmes et d’enfants, soupire-t-elle. Je pense qu’ils dorment dans la rue. »
Une détresse visible
Vers 20 heures, trois bénévoles de la Protection civile stationnent leur véhicule à côté de celui de la Croix Rouge. Puis, c’est au tour des six membres du Secours populaire de les rejoindre. Vêtus de leur gilet bleu, ils commencent à distribuer des clémentines, des gâteaux et du café. Dans le regard des hommes et des femmes présents, on lit la détresse, on devine les nuits passées dans les garages ou dans les squats…
Du côté de la Protection civile, Mélanie propose des produits d’hygiène. « Comme la Croix Rouge et le Secours populaire fournissent des denrées alimentaires, nous avons convenu en amont que nous donnerions des shampoings et des gels douche. » Vers 20.30, la distribution est terminée. Les bénévoles échangent quelques mots et se donnent rendez-vous la semaine suivante. « On forme une belle équipe, l’union fait la force ! », se félicitent-ils.
Une vocation commune
Ce n’est pas la première fois que les structures de solidarité pantinoises s’unissent pour répondre à l’urgence sociale. Déjà, lors du premier confinement, elles se sont coordonnées pour fournir une aide alimentaire aux Pantinois. C’est ainsi que le Refuge, le Secours populaire ou encore l’association Équité, Solidarité, Partage ont travaillé main dans la main pour la première fois. Actuellement, de nouveaux partenariats sont en train de se former : le café Pas si loin s’est rapproché de La Butinerie et du Marché sur l’eau pour proposer une cantine solidaire les mercredi et dimanche midis dans le quartier des Quatre-Chemins. Tiffen Guille, le président de l’antenne pantinoise de la Protection civile, se réjouit de ces collaborations inter-associatives. « C’est un grand plaisir de travailler ensemble. Cet été, par exemple, nous avons mené, avec la ville, des collectes solidaires auprès des habitants et des entreprises pour renflouer nos stocks alimentaires. Ces partenariats sont récents car les associations n’ont pas l’habitude de s’unir. Mais, à Pantin, elles savent faire front commun quand la situation l’exige. » Pour aider les associations dans la coordination de leurs actions, la ville organise régulièrement des réunions. Elle leur prodigue également un soutien logistique (stockage de denrées, préparation de repas…).
La solidarité fait recette
Depuis fin novembre, toute l’équipe du Relais s’active aux fourneaux afin de préparer 1 500 repas par semaine commandés et financés par la ville. Destinés aux plus démunis, ils seront notamment distribués par les associations caritatives au cours de leurs maraudes. Reportage à quelques jours du lancement de ce nouveau dispositif municipal.
Jeudi 19 novembre. L’équipe du Relais est dans les starting-blocks. Dans quelques jours, elle devra préparer 1 500 repas solidaires par semaine. Dans la cuisine, la réorganisation est donc à l’œuvre : les chambres froides ont été partiellement vidées et les premières commandes – conserves XXL, kilos de viande et de légumes – arrivent.
Devant sa marmite fumante, c’est « chef Laurent », comme on l’appelle au 61, rue Victor-Hugo, qui pilotera la production. Après 13 ans d’expérience au Relais, la mission qui l’attend ne lui fait pas peur : « Comme au printemps, nous allons préparer des repas pour les plus démunis. À base de viande, de poisson et de céréales, ils apporteront des nutriments essentiels. Nous prévoyons, par exemple, de confectionner du pot-au-feu, des tagines ou encore du poulet mafé. Pour les fruits et les légumes, nous récupérerons les invendus du Marché sur l’eau. Nous utiliserons donc de supers produits ! », détaille-t-il.
Un coup de pouce précieux
La ville a également mis en relation le restaurant d’insertion avec les associations caritatives locales (Secours populaire, Protection civile, Croix Rouge, Restos du cœur…) afin qu’elles distribuent les repas lors de leurs maraudes. Le centre d’hébergement d’urgence du stade Marcel-Cerdan, géré par Le Refuge, se verra quant à lui remettre 50 à 100 repas par jour. Un coup de pouce précieux pour ces structures qui, depuis le début de la crise sanitaire, doivent faire face à un afflux de bénéficiaires. « Nous confectionnerons aussi des repas d’urgence destinés aux étudiants isolés et aux familles fragilisées suivies par les services municipaux. Ces derniers se verront remettre, par les agents du Centre communal d’action sociale (CCAS), des tickets qui leur permettront ensuite de retirer un plat et un dessert sur notre stand de vente à emporter », précise Nabil Eldirani, le directeur général du Relais.
Maintenir l’emploi
« Grâce à ce partenariat avec la commune, poursuit-il, nous allons pouvoir maintenir nos salariés dans l’emploi. Du fait du confinement et des contraintes sanitaires, nos activités de traiteur et de restauration ont pratiquement disparu. Le financement de ces repas nous permet donc de garder la tête hors de l’eau. Aujourd’hui, nous désirons intégrer pleinement l’action sociale et la solidarité dans notre modèle économique. »
Le Relais Restauration, 61, rue Victor-Hugo
Pour tout renseignement sur les tickets repas d’urgence, contacter le CCAS par téléphone : 01 49 15 40 14.