
Musique
Banlieues Bleues : le jazz en résistance
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Un article d'Anne-Laure Lemancel publié dans Canal n°334 mars 2025
42 ans. 42 ans que l’incontournable festival Banlieues Bleues, itinérant dans 11 villes de Seine-Saint-Denis, nous ravit les oreilles et le cœur par son délicieux mélange de jazz avant-gardiste, de blues métissé à d’autres courants, d’escapades africaines ou d’énergies hip hop. Fidèle du festival depuis 2006, l’inclassable rappeur-poète américain Mike Ladd foulera la scène de la salle Jacques-Brel le 1er avril. Il résume : « Banlieues Bleues fait la part belle aux expérimentations, à la créativité, à l’audace… et n’oublie jamais son territoire ! Il s’y enracine par le biais d’ateliers, d’actions culturelles... Pour moi, son engagement, son esprit de résistance et sa poésie rebelle se révèlent salutaires face à la montée des fascismes qui veulent tout brûler sur la planète. »
En 2025, le festival enfonce même le clou, comme l’explique son directeur, Xavier Lemettre : « Cette année en particulier, nous avons fait le choix de programmer des artistes très inscrits dans le temps présent qui jettent un regard aiguisé sur la société et portent une parole politique puissante. Ainsi, le Congolais Jupiter délivrera-t-il, le 6 avril à Épinay-sur-Seine, des messages sur la déforestation, la mauvaise répartition des richesses et les conflits qui ravagent son pays. De même, le 11 avril à Aubervilliers, les Angry Blackmen, dénonceront, par leur hip hop abrasif, le racisme de leur pays à l’heure du Make America Great Again (MAGA). »
De la Dynamo…
Bien sûr, le menu à la Dynamo de Pantin sera au diapason de cet engagement et de ces expérimentations. Petit avant-goût le 17 mars, date à laquelle la salle de la rue Gabrielle-Josserand recevra deux icônes de la musique improvisée, Fred Frith et Susana Santos Silva pour une rencontre qui anéantira toute définition stylistique et embrassera, du post-rock à l’avant-folk, une liberté totale. Le 25, surgira Gaister, soit un imaginaire fertile et subliminal, tressé de percussions, du souffle des synthés et de chants fantomatiques en italien, japonais ou anglais.
Il y aura aussi, le 28 mars, le hip hop de chambre, intimiste et militant, de la rappeuse-poétesse londonienne Lex Amor et, le 10 avril, l’épopée atmosphérique, aux couleurs éthiopiennes et balkaniques, des cinq Belges de Black Flower.
… à la salle Jacques-Brel
De son côté, le groupe Arat Kilo envoûtera, le 1er avril, la salle Jacques-Brel de son exquise potion de jazz éthiopien où s’invitent la diva malienne Mamani Keïta et le rappeur Mike Ladd qui présenteront leur nouveau disque, Danama. « Notre concert ressemble à un grand voyage entre des racines abyssiniennes, des influences RnB, des chants mandingues et du rap, explique Mike Ladd. Avec Mamani, nous mêlons nos deux univers et, comme d’habitude, nous forgeons une musique de résistance qui combat le racisme systémique, le post-colonialisme ou le libéralisme. » Un festival le poing levé qui, cette année, propose un passe illimité à 120 euros.
► Du 14 mars au 11 avril, dans toute la Seine-Saint-Denis.Tarifs : de 12 à 20 par concert ; Pass BB illimité : 120 .Programme et réservation : banlieuesbleues.org