Budget
Budget 2021 - Interview du maire de Pantin Bertrand Kern
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Canal : Quel impact a eu la crise sanitaire sur le budget de la commune en 2020 ?
Bertrand Kern : L’année dernière, nous avons dû faire face à des dépenses non prévues. Elles étaient liées à l’accompagnement social des familles les plus fragiles, à l’ouverture des centres de dépistage et de vaccination ou encore à l’achat massif de masques, distribués dans toute la ville. Dans le même temps, nous avons enregistré une baisse des recettes essentiellement liée à la fermeture d’équipements publics, à l’image des cantines et des centres de loisirs, pendant le premier confinement.
Malgré ce contexte, les dotations de l’État ont-elles continué à baisser ?
B.K. : Oui. Car c’est un fait : l’engagement de stabilité n’est pas tenu. Même si, actuellement, les dotations baissent moins vite que lors du précédent quinquennat, nous perdons, chaque année depuis 2017, entre 400 000 et 500 000 euros. C’est une difficulté supplémentaire car nous devons être particulièrement vigilants sur la maîtrise des dépenses tout en garantissant le maintien d’un service public de qualité – un engagement absolu de ma part –, et ce, sans recourir à une nouvelle augmentation d’impôts.
Le budget 2021 affiche cependant 54 millions d’euros d’investissements, soit 13 millions d’euros de plus qu’en 2020…
B.K. : Effectivement. L’interruption des travaux en mars et avril 2020, puis une reprise contrainte par le protocole sanitaire, font que les chantiers ont tous pris six mois de retard. Les paiements des entreprises prestataires ont été décalés d’autant. L’excédent du budget 2020 est donc supérieur à celui des années précédentes et nous sommes parvenus à désendetter la ville de 10 millions d’euros supplémentaires. Résultat : nous nous trouvons, cette année, en position de proposer un budget dont le montant est le plus important depuis que je suis maire de Pantin.
Les conséquences financières de la crise risquent-elles de se faire sentir plusieurs années ?
B.K. : Il est certain que la crise ne sera pas surmontée à la fin de l’année. Il y aura obligatoirement un « effet report », avec une augmentation du chômage, notamment pour les emplois précaires. C’est la raison pour laquelle l’accompagnement social des familles les plus démunies reste l’une de nos priorités. Et cela se lit dans le budget 2021 ! Pour rappel, le dispositif exceptionnel mis en place l’année dernière leur permet d’accéder rapidement à des aides plus importantes et plus régulières et de bénéficier d’un accompagnement renforcé. Nous soutenons également très fortement les associations caritatives œuvrant sur le territoire.
Ce budget 2021 est aussi le premier de la mandature. La trajectoire financière qui prédominait jusqu’alors a-t-elle été modifiée ?
B.K. : Le budget 2021 évolue principalement sur trois points. Notre stratégie de désendettement nous a permis de passer de 135 millions d’euros de dette en 2008 à 80 millions en 2020. L’objectif est désormais de maintenir cette dette entre 80 et 90 millions d’euros car, quand elle est maîtrisée et permet d’investir pour améliorer la qualité de vie, elle n’est pas un problème. Deuxième point : nous acceptons une légère augmentation des charges à caractère général pour donner la possibilité à des services tels que les centres de santé, les centres de loisirs ou les équipements sportifs de fonctionner de manière plus efficace. Enfin, nous validons une augmentation du personnel communal de l’ordre de 1 % par an, au lieu des 0 à 0,5 % en vigueur lors de la précédente mandature.
Pourquoi ce choix d’augmenter légèrement la masse salariale ?
B.K. : Tout simplement parce que nous désirons renforcer un certain nombre de politiques publiques, par exemple en pérennisant des postes créés pour faire face à la crise sociale ou pour nous aider à remplir nos objectifs sur les deux autres priorités du mandat : la démocratie participative et le développement durable. Nous allons ainsi recruter des chargés de mission en soutien à nos élus, notamment sur la sobriété énergétique des bâtiments. L’idée est de réaliser encore davantage d’économies d’énergie.
Et les Quatre-Chemins, restent-ils une priorité ?
B.K. : Oui. Ce quartier a encore besoin de l’intervention publique municipale. La problématique de la résorption de l’habitat indigne oblige à des temps d’intervention très longs, de l’ordre d’une dizaine d’années entre l’adoption d’un projet et sa réalisation. Nous sommes parvenus à faire sortir de terre un certain nombre d’entre eux. À l’avenir, nous continuerons à inaugurer de nouveaux ensembles d’habitation et des équipements publics. Je pense au parc Diderot et à l’école élémentaire attenante ou encore au collège du futur écoquartier.
Vous entamez votre quatrième mandat. Est-ce le temps nécessaire pour achever la transformation d’une ville ?
B.K. : J’ai beaucoup de chance : les Pantinois m’ont donné du temps et je les en remercie. Avec la réhabilitation complète des Courtillières – pour laquelle nous avons investi plus de 220 millions d’euros –, celle du centre-ville et la création du nouveau quartier du Port, j’ai tenu parole. Et je ferai de même pour les Quatre-Chemins. Malgré la crise, tous les engagements seront tenus. Même s’il doit s’agir de mon dernier mandat, l’action municipale ne s’arrêterait pas en 2026. Pour l’heure, je suis toujours aussi déterminé à mener à bien les grands projets, comme à répondre aux préoccupations du quotidien.
Qu’entendez-vous par là ?
B.K. : Dernièrement, les Pantinois m’ont interpellé sur les difficultés autour du quartier Hoche, et notamment sur la présence de migrants installés provisoirement à l’hôtel Campanile. Pantin doit prendre part à la solidarité nationale, mais je comprends aussi que cette concentration de personnes en difficulté puisse susciter des inquiétudes. J’ai donc interrogé le préfet qui m’a assuré que l’hôtel retrouvera sa fonction originelle ce mois-ci.
On me parle aussi des nouvelles pistes cyclables des avenues Jean-Lolive et Jean-Jaurès. Alors, je le dis clairement aujourd’hui : la préservation de l’environnement et le développement des mobilités douces est une orientation forte de ma politique. Si cela peut, dans un premier temps, être impopulaire, à la fin, tout le monde s’y retrouvera. La place de la voiture en ville doit être réduite, pour plus de sécurité, de sérénité et pour la préservation de l’environnement. J’en ai pris l’engagement et je l’assume !
Dans son prochain numéro à paraître début mai, Canal présentera dans le détail le budget 2021.