Développement durable
En route pour le rétrofit : la flotte municipale fait sa transition
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Depuis avril 2020, électrifier un véhicule thermique pour réduire les émissions de gaz à effet de serre est autorisé en France. Cet hiver, la ville a ainsi reçu son premier utilitaire « rétrofité », c’est-à-dire converti à l’électrique.
150 kilomètres d’autonomie
Au premier coup d’œil, rien ne le différencie des autres engins de la flotte municipale. Pourtant, le Renault Trafic qui se gare – sans bruit – sur le parking du pôle Espaces verts n’a plus le même moteur. Au volant, Océane Dubois, jardinière, l’utilise pour ses trajets quotidiens. Avant de sortir du véhicule, elle jette un rapide coup d’œil à l’écran tactile qui permet de connaître l’état de la charge, puis le branche à la borne spécialement créée sur place. « Ce fourgon me sert à me déplacer dans la ville. Ce sont de tout petits trajets, donc je n’ai jamais peur de dépasser les 150 kilomètres d’autonomie. Aujourd’hui, par exemple, je n’ai utilisé que 10 % de la batterie », explique la jeune femme.
Affichant une dizaine d’années au compteur, l’utilitaire a été transformé en camionnette 100 % électrique par la start-up TOLV, établie à Grenoble et pionnière en la matière. « C’est l’un des premiers véhicules à être sorti de nos lignes de production, précise Antoine Desferet, cofondateur de l’entreprise. Il nous a fallu cinq jours pour en ôter le moteur thermique et le réservoir, puis les remplacer par un moteur électrique et une batterie. Nous lui avons ensuite fait passer des centaines de tests. »
Vertueux et économique
En Île-de-France, plusieurs collectivités concernées par la zone à faibles émissions (ZFE), qui interdit de circulation les véhicules les plus polluants au sein d’un périmètre délimité par l’A86, ont contacté l’entreprise iséroise ces derniers mois. « Ces villes sont propriétaires d’engins en bon état mais plus en phase avec les critères anti-pollution imposés. Dans les prochaines années, ces flottes municipales, dont les véhicules n’ont pas besoin d’une autonomie importante puisqu’ils servent à parcourir de courtes distances, devront être remplacées. Dans ces cas-là, le rétrofit est une solution à envisager », ajoute Antoine Desferet.
Pierric Amella, conseiller municipal délégué aux Mobilités douces, à la Qualité de l’air et au Budget carbone, acquiesce : « Nous avons lancé cette opération dans l’idée d’expérimenter d’autres modes de renouvellement de notre flotte afin de se conformer aux règles édictées par la métropole du Grand Paris dans le cadre de la ZFE. Le rétrofit est une très bonne option pour réduire la pollution et améliorer la qualité de l’air. »
Une pratique qui présente en outre l’avantage d’être économique puisque la conversion d’un utilitaire revient à 29 000 euros, quand l’achat d’un modèle neuf coûte 40 000 euros. De quoi retarder également la mise au rebut de nombreux véhicules et donc préserver les ressources naturelles liées à la production de nouveaux.