Design et artisanat d'art
Pantin, ville des céramistes
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Résidents de la maison Revel
Léa Caïe, Samuele Perraro, Théo Cazaubon, Élodie Louzaouen et Manon Beriot ont intégré l’espace de coworking céramique de la maison Revel il y a quatre mois à peine. Titulaires d’un CAP tournage, diplômés d’une grande école ou jeunes reconvertis, tous ont des parcours différents mais une même envie de pérenniser leur activité.
Arrivée de talents
Dans le plus grand atelier, Théo peint l’anse de l’une des tasses en porcelaine issue de sa nouvelle collection d’art de la table : « Être à Revel me permet de me concentrer sur mon lancement, explique-t-il. En un mois et demi, j’ai réalisé une centaine de pièces. Cela me permet de démarcher des diffuseurs. » Juste à côté, Élodie modèle des petites billes de grès destinées à orner l’un de ses vases. Encore en formation, elle est designeuse de vêtements… mais aussi une jeune céramiste en devenir. Non loin de là, Léa, en reconversion professionnelle, s’active au tour. Passionnée par l’agriculture urbaine, elle réalise des installations mi-céramiques, mi-végétales pensées pour économiser l’eau. Des problématiques environnementales partagées par Samuele, dont l’accent italien résonne dans son atelier où sont exposées des pièces d’inspiration coréenne : « Payer un petit loyer permet de me concentrer sur mes recherches. J’aimerais fabriquer mes émaux avec des matières premières locales », précise-t-il. Manon, qui travaille juste en face, est de son côté à la tête d’un studio de scénographie très prisé. Mais depuis quelques années, elle cherche aussi à lancer une collection de céramiques marquée par le motif, la couleur, le décor : « Pendant deux ans, confie-t-elle, j’ai envie d’approfondir mon univers mais aussi d’échanger avec les autres pour créer une émulation. »
À la pointe des tendances
Frédéric Bouchet, chef de projet Métiers d’art pour le compte d’Est Ensemble, résume : « L’enjeu de cet incubateur est, qu’au bout de 24 mois, les céramistes soient plus solides dans leurs pratiques et dans leur modèle économique afin de pouvoir continuer leur aventure professionnelle sur notre territoire. » Créé en 2016 par Est Ensemble, l’espace de coworking de la maison Revel est l’un des rares équipements de ce type en France. « Déjà à l’époque, se souvient Frédéric Bouchet, il y avait cet engouement très fort pour la céramique. La création de ce lieu était donc particulièrement pertinente. »
Cet artisanat a en effet sacrément le vent en poupe pour son côté « nature » et ses créations faites main. Dans ce domaine, Pantin est d’ailleurs un repaire créatif à la pointe des tendances. De plus en plus de professionnels y ont en effet pignon sur rue, à l’instar de l’atelier Au Tour des Formes, de Stéphanie Andrès (lire ci-contre) ou encore de Karine Goldberg, qui, après avoir intégré le pôle des Métiers d’art, a été l’une des premières à lancer son activité en 2017.
Autres signes qui ne trompent pas, la biennale Émergences, événement dédié à la création et au design organisé par Est Ensemble, véritable vitrine de l’air du temps, accueille de plus en plus de céramistes. Quant au nouveau concept store We Lov’ East, il s’apprête à exposer quatre professionnels, parmi lesquels la Pantinoise Julie Bergeron.
Une vie à modeler
À la fois très esthétiques et utilisables au quotidien, les créations de Stéphanie Andrès font de plus en plus d’émules. À découvrir tous les jours sur rendez-vous, dès que la situation sanitaire le permettra.
Comédienne passionnée, globe-trotteuse au long cours, prof de français en outre-mer, muse d’un artiste-peintre chilien… À 47 ans, Stéphanie Andrès semble avoir eu mille vies. Mais c’est à Pantin qu’elle a décidé, il y a cinq ans, de poser ses valises, prenant le temps de renouer avec sa passion pour la céramique. Au 21, rue de la Paix, elle crée en 2016 une maison-atelier comprenant, au rez-de-chaussée, un atelier et, au sous-sol, une galerie. Un lieu unique où elle vit, crée, expose et donne des cours. « Le procédé que j’utilise est assez marginal, précise-t-elle. Je ne travaille pas au tour mais au pincé, une technique de modelage à la main. Je pars d’une unique boule de terre pour façonner mes objets. Mon esthétique est très végétale et organique. Cela rappelle la lave, les volcans, les fonds marins. Des environnements soumis à des frictions. »
Ambassadrice de son art
Au sous-sol, l’espace de vente est un concentré de son univers artistique, avec ses tasses à caresser, ses planches en fusion, ses saladiers rappelant des coquillages ou encore ses bols à l’inspiration kintsugi, l’art japonais de réparer les céramiques cassées au moyen de jointures d’or. Très esthétiques, toutes ces créations sont néanmoins travaillées pour devenir des pièces du quotidien, à l’instar de ses ramequins : « C’est une collaboration avec Rina Nurra, une grande photographe culinaire pantinoise. Ces petits ramequins sont vendus avec un livret de recettes. »
Ambassadrice « In Seine-Saint-Denis », Stéphanie Andrès fait de plus en plus parler d’elle dans les médias nationaux, des pages déco de Femme actuelle aux reportages de France 3. La petite fille des champs aimant s’amuser avec la terre argileuse orléanaise est devenue, en l’espace de quelques années, une digne représentante de la céramique contemporaine.
Informations pratiques :
Galerie-espace de vente accessible tous les jours sur rendez-vous par téléphone au 09 70 93 65 67 ou au 06 74 75 34 11 ;
cours et stages pour adultes le week-end sur demande
(en dehors de la période de confinement).
Maison-atelier de Stéphanie Andrès : 21, rue de la Paix.