Urbanisme
Les Grandes Serres cultivent leurs différences
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La ville de demain pousse à Pantin
Témoins du passé industriel pantinois, les halles Pouchard ont abrité, pendant plus de 70 ans, une fabrique de tubes d’acier. Mais, l’activité déclinant, les machines se sont tues progressivement. Dès lors, la ville cherche à maintenir une vie économique sur cette emprise stratégiquement située le long du canal, entre le chemin latéral au Chemin-de-Fer, les rues Louis-Nadot et du Cheval-Blanc. Elle aspire également à y voir émerger un projet ambitieux et fédérateur.
En 2016, le promoteur Alios Développement devient propriétaire du site dans l’optique de lui offrir une seconde existence. Sous les charpentes de métal, l’art fleurit alors autour du collectif de plasticiens Diamètre 15. « À chaque fois qu’un lot de tubes partait, on accueillait un nouvel artiste ! C’est à ce moment-là que les halles ont réellement entamé leur métamorphose », se souvient Olivier Raoux, président d’Alios Développement.
À l’aube des années 2020, concerts, défilés et expositions en tous genres se succèdent. « Ces événements nous ont permis de mesurer l’attractivité du site, poursuit Olivier Raoux. Et, le moins que l’on puisse dire, c’est que nous sommes parvenus à attirer un public varié et enthousiaste. »
Parallèlement, il cherche, avec deux agences d’architecture (Leclercq architectes associés et ECDM) et des paysagistes (agence In-Situ), à donner corps au projet des Grandes Serres en s’adaptant aux exigences de la ville, laquelle refuse que les halles soient rasées, insiste sur la qualité environnementale de l’ensemble et souhaite voir cohabiter bureaux et espaces ouverts à tous. Après trois ans de négociation, le projet est validé le 14 avril par le conseil municipal. Et quel projet !
Un lieu de vie ouvert sur le territoire
Baignées de lumière, ouvertes sur le ciel et sur le canal, via un large parvis et la piétonnisation de la rue Louis-Nadot qui prendra des airs de place de village, les anciennes halles réhabilitées ont été pensées par Alain Moatti comme « une cité idéale de 11 000 m2, une micro-ville dans la ville, un petit monde piéton où l’on prendra plaisir à vivre, à travailler, à se retrouver, à déjeuner ensemble… Dans cet espace, on pourra faire tout partout », dévoile l’architecte.
Reliée à la place de la Pointe par une passerelle, cette agora hébergera des commerces de bouche, des services, une salle de sport, un mur d’escalade, des espaces de formation, une librairie, l’Académie de musique Jaroussky*, des espaces dédiés aux artistes, un auditorium de 300 places et un food court qui accueillera, lui aussi, une riche programmation culturelle. « C’était important de donner beaucoup de place aux restaurants car c’est autour d’une table que l’on se retrouve et que l’on partage », précise Alain Moatti.
* Association créée par le contre-ténor Philippe Jaroussky dans le but de faciliter l’accès à la musique classique à un public qui en est éloigné.
L’anti-Défense s’invente dans l’Est parisien
S’étirant au sein de la parcelle vers le chemin latéral au Chemin-de-Fer, des jardins relieront cette grande halle au campus d’entreprises, composé de neuf bâtiments. « La progression du télétravail et la demande croissante de lieux hybrides, autour desquelles nous avions conçu notre projet, se sont confirmées et même accentuées avec la crise de la Covid, explique Olivier Raoux. Le campus fera ainsi la part belle aux espaces modulables et aux points de rencontre intérieurs et extérieurs permettant l’émulation collective. Dans cet endroit, nous aimerions laisser une place de choix aux entreprises de l’économie sociale et solidaire. »
Les rez-de-chaussée seront toutefois occupés par des services, des commerces et des entreprises artisanales ouverts au public et dont certains donneront sur la nouvelle voie aménagée à l’ouest par la ville. Plus loin, dans un bâtiment longeant le faisceau ferroviaire, la Winerie parisienne, qui produit des crus dans la capitale depuis 2015, sera coiffée d’un toit dédié à l’agriculture urbaine.
« Nous avons vraiment conçu ce projet avec la ville qui exigeait deux hectares d’espaces verts, dont un de surfaces végétales en pleine terre. Notre idée ? Faire des Grandes Serres l’anti-Défense : un lieu totalement intégré dans l’environnement qui vivra non seulement avec ses salariés, mais aussi avec ses habitants », conclut Olivier Raoux.
Diamètre 15 vous ouvre les halles
C’est sans doute la dernière occasion de découvrir les halles Pouchard telles que nous les connaissons actuellement. Les 11, 12 et 13 juin, le collectif Diamètre 15, qui les occupe jusqu’à la fin de l’année, organise un week-end portes ouvertes durant lequel une trentaine d’artistes exposeront leurs installations, sculptures et photographies.
Informations pratiques
> Du vendredi 11 au dimanche 13 juin
> 15, rue du Cheval-Blanc
> Inscription en amont sur le facebook de Diamètre 15.