Vue de l'exposition "Grisailles", Miquel Barceló, Galerie Thaddaeus Ropac, 2022 © DR

Culture et patrimoine

Miquel Barceló, un artiste Majorquin à Pantin

Artiste internationalement reconnu, Miquel Barceló dévoile, jusqu’au 7 janvier, ses Grisailles dans le cadre d’une exposition-événement à découvrir gratuitement à la galerie Thaddaeus Ropac.
Article de Pascale Decressac, publié dans Canal n°312, décembre 2022.

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Des matériaux originaux et naturels

Miquel Barceló est connu pour ses peintures de techniques mixtes en relief, ses sculptures en bronze expressives et ses céramiques. Nomade artistique, son œuvre témoigne d’une quête permanente de matériaux originaux et naturels, tels que les cendres volcaniques, la nourriture, les algues, les sédiments ou encore les pigments faits maison.
Avenue du Général-Leclerc, ce sont ses Grisailles qui sont actuellement exposées. Une série inspirée de la technique picturale du chiaroscuro, ou clair-obscur, dans laquelle la peinture est traitée en monochromie afin d’imiter le bas-relief à l’aide d’un dégradé entre le noir et le blanc.

Vivantes natures mortes

Grisailles met en lumière la nouvelle série de natures mortes à grande échelle de Miquel Barceló où figurent créatures marines, fleurs et ossements, puisés dans une palette monochromatique. Taureaux, chèvres, poulpes, homards et têtes de mort peuplent, tels des spectres, ses grands formats pouvant atteindre 4 mètres de large et 3 de haut.
Si les couches de couleur translucides rendent hommage à une technique en vogue en France au XIVe siècle, ses tableaux s’inspirent également de la peinture hollandaise du XVIIe siècle et des bodegon, les natures mortes espagnoles.
De la sorte, l’artiste propose une nouvelle interprétation du genre ancrée dans sa propre relation à la mer, tout en en reprenant les codes traditionnels. Le visiteur est ainsi invité à participer au curieux banquet qui se tient devant lui. Des agapes qui interrogent et critiquent la notion d’abondance, cruellement contemporaine dans nos sociétés où l’opulence ne peut être déconnectée du gaspillage et de la surconsommation qui détruisent la planète.

Entre ombre et lumière

La couche translucide sur laquelle est appliquée une sous-peinture monochrome laisse apparaître, par touches, le grain de la toile nue derrière de fines couches d’encre et d’acrylique rouge, rose, bleu ou jaune.
Les contours flous des objets confèrent un air de mystère et d’intemporalité aux tableaux qui semblent suspendus entre rêve et réalité. Comme une rémanence, ils évoquent, selon l’artiste, « une table de Pompéi ou des cendres gelées de choses ».
Parmi les objets et créatures qui habitent les toiles, figurent certains éléments – coquillages vides, crânes, livres ouverts… – rappelant au spectateur sa propre mortalité. Comme une mise en garde contre les excès, les œuvres présentées font référence aux vanités et à leurs valeurs symboliques, très répandues pendant la Renaissance. Et soudain, des éléments végétaux surgissent, symbolisant la vie qui, toujours, renaît de ses cendres.

Informations pratiques :

  • Grisailles de Miquel Barceló
  • Jusqu’au 7 janvier à la galerie Thaddaeus Ropac, 69, avenue du Général-Leclerc
  • Ouvert du mardi au samedi de 10.00 à 19.00
  • Entrée libre