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Tranquillité publique

Lucie Chevalley : directrice de la Prévention et de la Tranquillité publique

Lucie Chevalley, 40 ans, vient d’être nommée directrice de la Prévention et de la Tranquillité publique de la ville de Pantin. Sa mission ? Encadrer les personnels de la police municipale. Entretien.
Article de Christophe Dutheil, publié dans Canal n°314, mars 2023.

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Canal : Pouvez-vous présenter votre parcours ?
Lucie Chevalley : Titulaire d’un master de criminologie et de droit des victimes, j’ai rejoint, en 2010, la mairie d’Aubervilliers, en tant que chargée de mission prévention de la délinquance avant d’en devenir, en 2018, directrice de la Prévention et de la Sécurité. J’ai pris mon poste à Pantin fin 2022.
Lorsque la stratégie territoriale de la tranquillité publique articule prévention et police, un certain nombre de collectivités choisissent en effet de confier la direction de ce type de service à un cadre issu de la filière administrative. Pour toute la partie opérationnelle, c’est-à-dire le travail quotidien de la police municipale, je m’appuie sur deux chefs de service qui, eux, sont des policiers.

Comment vivez-vous le fait d’exercer un métier encore très masculin ?
L.C. :  Très bien ! Même s’il est vrai que nos professions sont assez masculines dans l’imaginaire public, elles se féminisent. Je pars du principe que tout métier peut être exercé par des femmes ou des hommes. Pour moi, ce n’est pas le sexe de la personne qui compte mais sa personnalité et ses compétences.

Quels sont les effectifs de votre direction ?
L.C. : La police municipale de Pantin emploie 30 personnes et nous avançons doucement – mais sûrement – vers la parité femmes-hommes. Ce secteur est actuellement en tension. Au niveau national, 1 500 postes sont vacants. À Pantin, 12 sont à pourvoir. C’est pourquoi nous avons mis au point, avec Françoise Kern, adjointe au maire déléguée à la Tranquillité publique et à la Sérénité urbaine, un processus de formation des Agents de surveillance de la voie publique (ASVP) afin que ces derniers puissent devenir policiers municipaux. Cette démarche nous a permis d’accompagner six jeunes femmes. Toutes ont réussi le concours et sont aujourd’hui policières municipales.

À Pantin, quels sont les problèmes de sécurité concernant principalement les femmes ?
L.C. :  J’ai pris mon poste trop récemment pour vous livrer un avis approfondi sur le sujet, notamment en ce qui concerne les violences conjugales. Il est toutefois clair que l’installation, de septembre 2021 à septembre 2022, d’un camp de toxicomanes aux portes de la ville a fragilisé certains secteurs et que nous n’en avons pas fini avec les effets liés à la pandémie. À ce titre, le pilotage par ma direction de la Cité éducative des Quatre-Chemins est essentiel au regard des évolutions de la perception du sexisme chez les jeunes.  
Par ailleurs, nous sommes dans une ville de Seine-Saint-Denis qui continue de faire face à un certain nombre de difficultés sociales – chômage, grande précarité, délinquance... –, même si elle a bien réussi sa transition à plusieurs endroits. Sur l’espace public, la situation est donc très contrastée. On sait, par exemple, que les femmes ne se sentent pas toujours en sécurité aux environs de la station de métro Hoche ou aux Quatre-Chemins. Elles y font parfois l’objet de réflexions ou de blagues sexistes, ce qui est très pesant. Nous sommes également très vigilants sur la prostitution qui est une autre forme de violence.

Des progrès ont-ils d’ores et déjà été accomplis ?
L.C. : Bien sûr ! Beaucoup de choses ont été faites. La ville a créé le réseau Violences faites aux femmes afin d’assurer une bonne coordination des acteurs et de gagner en efficacité dans la prise en charge des victimes. Pantin emploie également une intervenante sociale qui, placée sous ma direction, est mise à la disposition du commissariat. Sa mission est de mettre en lien les services sociaux et les policiers qui, parfois, ne parlent pas le même langage. Elle propose ainsi aux victimes un certain nombre de solutions que les fonctionnaires de police ne connaissent pas toujours. Par exemple, en matière d’hébergement d’urgence.

Quelles sont vos priorités pour votre direction ?
L. C. : Pour moi, le plus important est de renforcer les effectifs afin d’accroître la présence des policiers municipaux dans l’espace public. Je veux aussi sensibiliser au maximum tous les professionnels à l’impérieuse nécessité d’écouter les femmes victimes de violences. Ils doivent savoir les entendre et prendre en compte leur parole. C’est donc avec enthousiasme que ma direction pilotera le projet d’ouverture, en 2023, de la Maison des femmes. Ce lieu devrait en effet faciliter la coordination entre les policiers et les professionnels qui interviennent sur le droit des femmes.

Éclairage public : la sobriété sans danger
En pleine crise de l’énergie, Pantin a fait le choix de retarder de 20 minutes, le matin et le soir, l’allumage de ses réverbères basse consommation. Pour autant, afin d’éviter de générer un sentiment d’insécurité chez les piétonnes, dont il est prouvé qu’il s’accroît à mesure que la lumière baisse, la ville a pris le parti de ne pas cesser d’éclairer ses rues la nuit. La seule exception notable concerne les parcs et les squares où les lampadaires sont désormais éteints après la fermeture. L’explication est écologique puisque ces « trames noires » préservent la faune des effets néfastes des lumières artificielles.