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Cinéma

Cinéma et éducation : apprendre les techniques de réalisation

À Pantin, de nombreuses actions sont mises en place afin de familiariser les jeunes aux techniques de réalisation d'un film, court métrage ou clip. Le dispositif Cinéma, cent ans de jeunesse (CCAJ), l'association les Engraineurs et le collège Jean Jaurès participent à ces actions.
Extrait du dossier réalisé par Hana Levy et Guillaume Gesret, publié dans Canal n°318, juillet/août 2023.

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Silence, ils tournent !

Clap de fin pour la classe de CM1-CM2 de l’école Saint-Exupéry qui, cette année scolaire, a intégré le dispositif international Cinéma, cent ans de jeunesse (CCAJ). À l’actif des élèves : un court-métrage réalisé ainsi que des échanges avec des participants venus de France et du monde entier.

Le dispositif Cinéma, cent ans de jeunesse (CCAJ)

À Milo, le caméraman, la réalisatrice chuchote : « Réfléchis bien au plan que tu veux. » Pendant que Rachel, Eden-Alice et Cyrielle, les trois comédiennes principales répètent, les autres élèves entrent en piste sur rollers, trottinettes ou skates. Encadrés par leur instituteur, Matthieu Brière, Laurence Garret, réalisatrice, et Julia Ponte, référente du dispositif, les enfants mettent un point final à leur film-essai intitulé Le Chant de l’amitié. Une œuvre qu’ils ont entièrement écrite, interprétée et filmée.
Nous sommes à La Villette et c’est le dernier jour de tournage pour les CM1-CM2 de l’école élémentaire Saint-Exupéry, l’un des 20 établissements hexagonaux et 20 étrangers  qui participent au dispositif Cinéma, cent ans de jeunesse (CCAJ). Ce programme international d’éducation au septième art, né en France en 1995, invite les cinéastes en herbe à réaliser un court-métrage et à partager, sur une année scolaire, une expérience unique de formation à l’image.

Un apprentissage global

Au premier semestre, les enfants ont analysé des extraits de films et réalisé trois exercices imposés à réutiliser dans leur court-métrage final. « Cette phase permet à tous les élèves de filmer, d’enregistrer le son, de comprendre le vocabulaire, d’appréhender le découpage d’un film et de jouer », explique Laurence Garret.
Au deuxième semestre, place à l’écriture du scénario, aux repérages et au tournage ! Outre la consigne – réaliser dix minutes sur le thème Centré-décentré –, l’enseignant a fixé d’autres règles du jeu : intégrer des scènes de glisse pour coller à l’atelier roller qu’il propose ; tourner dans des décors de street-art repérés par les élèves et, enfin, faire découvrir d’autres pratiques artistiques. Ainsi, un saxophoniste et une chanteuse sénégalaise ont participé à l’aventure.

Patience et esprit d’équipe

Parallèlement, les élèves ont alimenté un blog et un journal de bord. « Ce projet a été un formidable support pour travailler l’écrit comme l’oral et fédérer la classe, résume Matthieu Brière. Le cinéma est, en outre, une école de la patience : il permet de comprendre tout le travail derrière la magie d’une projection. » Hadrien acquiesce : « J’ai appris qu’il faut parfois cinq prises pour réussir un plan ! Réaliser un film est un accomplissement. »
Si, pendant 25 ans, les films créés dans le cadre de ce dispositif étaient présentés à la Cinémathèque française, pour la deuxième année, c’est le Ciné 104 qui a eu l’honneur d’accueillir les participants d’Île-de-France et de projeter leurs réalisations les 21, 22 et 23 juin. Un accomplissement, comme le résume bien Hadrien…

Informations pratiques :

Graine de cinéastes avec l'association Les Engraineurs

Installée aux Courtillières depuis 25 ans, l’association Les Engraineurs initie les habitants du quartier au cinéma. Rencontre.

Comment réaliser un film ou un court métrage ?

Comme tous les mercredis après-midi, un groupe d’enfants âgés de 7 à 10 ans se retrouve à la maison de quartier des Courtillières pour suivre l’atelier des Engraineurs. Ce jour-là, ils achèvent le tournage d’un court-métrage. Karas, 10 ans, est derrière la caméra, tandis que Florane tient le micro-perche. « J’adore apprendre les techniques de tournage et de montage, explique la jeune fille. Melvin, qui nous encadre, nous aide à toutes les étapes du film. »
Implantée aux Courtillières depuis sa création en 1998, l’association mène des ateliers destinés aux enfants, aux ados et aux adultes. « Nous sommes là pour leur apprendre à écrire un scénario, à prendre le son, à filmer... Aujourd’hui, le matériel est très accessible, ce n’est plus comme il y a 25 ans ! Notre plus-value, ce sont les méthodes que l’on donne pour produire des films de qualité », explique Gaëtan Trovato, l’un des trois salariés. Dernièrement, son association a accompagné des primo-arrivants, en partenariat avec Habitat-Cité, dans un projet de fiction qui a été présentée le 22 juin au Ciné 104.

Ateliers, rencontres, ciné en plein air…

À côté de cet accompagnement à la réalisation, Les Engraineurs conduisent aussi tout un travail de familiarisation avec le cinéma. « Cela passe par des rencontres avec des professionnels, précise Steven Arvor, l’administrateur. Dernièrement, les ados ont pu discuter avec Céline Sciamma. Faïza Guène, qui a suivi nos ateliers au début des années 2000, s’implique également à nos côtés. Le 7 juillet, ses films seront d’ailleurs projetés au sein du parc des Courtillières. »
Les adhérents participent également à des sorties. Récemment, ils se sont rendus à la Cinémathèque française et à La Villette pour visiter l’exposition Tim Burton. « Nous animons aussi un ciné-club au collège Jean-Jaurès », glisse Melvin Laguerre.
Cet été, l’association organisera enfin des séances de cinéma en plein air avec notamment, vendredi 21 juillet, la projection du film d’animation Le Grand Renard et autres contes.  

Informations pratiques :

  • Séances de cinéma en plein air : vendredis 7 et 21 juillet, à partir de 21.30, parc des Courtillières.
  • Exposition rétrospective à l’occasion des 25 ans de l’association : à partir du 30 septembre à la maison de quartier des Courtillières (1, avenue Aimé-Césaire).
  • Pour découvrir les films produits par Les Engraineurs, rendez-vous sur le compte Instagram et youtube de l'association.

Les collégiens tournent un clip de rap

Le mois dernier, les élèves des six classes de 3e du collège Jean-Jaurès ont tourné un clip de rap. Le réalisateur Swann Romieux a en effet disposé de trois jours pour les filmer au bord du canal, aux Courtillières et à Paris. Dans ce clip, les élèves font une reprise de I can de Nas. « Les couplets ont été écrits en français par les élèves avec l’aide de leurs professeurs de lettres et d’un assistant d’éducation qui est aussi rappeur, précise Chloé Christou, la CPE qui porte le projet depuis la rentrée. Le texte reprend l’idée qu’il n’y a pas de fatalité quand on est issu d’un quartier populaire. » Le refrain est quant à lui scandé en anglais et a été travaillé avec les professeurs de langues. Les adolescents ont ensuite enregistré les lyrics et les chœurs dans des studios d’enregistrement professionnels. À découvrir prochainement sur le site du collège !

Information pratique :

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> "Le cinéma à Pantin"
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