
Propreté
Le succès de l’opération furets
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Dans le square Salvador-Allende, près de la gare RER, le lévrier, le berger australien et le fox-terrier sont prêts à bondir. Les museaux pointés vers la sortie d’un terrier, les trois chiens savent qu’ils n’auront que quelques secondes pour capturer le ou les rats sur le point d’être délogés de leur galerie souterraine.
En sous-sol, d’autres animaux complices sont à la manœuvre : des furets qui se faufilent dans les galeries à la recherche des nuisibles.

Soudain, un surmulot apparaît à la surface et détale à toute vitesse. Mais le lévrier est plus rapide : il lui saute dessus et le mord à la gorge. Fier de sa capture, le chien apporte sa proie à l’un des trois agents de l’entreprise PL nuisibles, têtes penseuses de ce stratagème bien rôdé qui, les 24 et 25 février, a permis de capturer 83 spécimens. Un résultat très positif pour la ville, laquelle ne cesse de lutter contre la prolifération des rats.
Retrouvez tous les articles du dossier « Propreté : l'affaire de tous », réalisé par Catherine Portaluppi, Frédéric Fuzier, Guillaume Gesret et Guillaume Théchi :
► Dans Canal n°335 (avril 2025)
► Dans la rubrique "Aller plus loin"
Une méthode naturelle

C’est la première fois que Pantin expérimente la méthode du furetage pour dératiser ses espaces publics. « Cette technique est naturelle puisqu’elle ne recourt pas aux traitements chimiques, explique Mohammed Bibi, responsable de l’opération pour le compte de la ville. C’est de la capture pure et simple, une méthode ancestrale de prédation. »
Quentin Peuchot, qui intervient au nom de la société PL nuisibles, ajoute : « Le traitement par empoisonnement a ses limites. Dès qu’il y a de la concurrence alimentaire, c’est-à-dire des déchets comestibles au sol ou dans des sacs poubelle à portée des rats, les rongeurs ne consomment pas les appâts placés dans des boîtiers noirs. Leur utilisation est donc moins efficace que le furetage. »
Pour réussir leurs opérations de chasse, les fureteurs passent plusieurs mois à dresser leurs animaux. « Il faut compter trois mois pour les chiens et huit à douze mois pour les furets qui, s’ils ne sont pas éduqués, ne sortent pas des terriers. En effet, une fois les rats délogés, les furets non dressés restent sous terre pour dormir. Mais, après leur entraînement, nous réussissons, au moyen de petits cris et en agitant un rat mort à la sortie du terrier, à les faire revenir. »
Quentin, Thomas et Geoffray forment une équipe soudée avec leurs bêtes qui, à leurs yeux, ne sont pas des outils de travail mais des « collègues comme les autres ». « Les chiens dorment chez nous, expliquent-ils. À la fin de la journée, on les désinfecte durant deux heures pour éviter les maladies. De notre côté, nous portons des doubles gants, sommes vaccinés et faisons une sérologie tous les mois pour savoir si nous sommes porteurs ou non de la leptospirose, une maladie bactérienne transmise par les rats. »
Rendez-vous parcs Diderot et de La Manufacture
Aux abords du square Salvador-Allende, un passant observe l’opération avec le sourire. « C’est bien ce qu’ils font parce qu’il y a de plus en plus de rats dans le coin. J’ai vu un reportage à la télé sur ce type de chasse. C’est écolo. Et puis, je vois que c’est un jeu pour les chiens, ils ont l’air de s’amuser… »

Au vu du nombre important de rats capturés, d’autres interventions de ce type sont prochainement prévues au sein des parcs Diderot et de La Manufacture. « Nous programmerons sans doute des opérations nocturnes puisque les rats sortent davantage à la tombée du jour », conclut Mohammed Bibi.
Zoom sur…
Les gestes à adopter pour éviter la prolifération des rats
► Si les rats sortent à la surface, c’est tout simplement parce qu’ils ont faim. C’est pourquoi il est interdit de donner à manger aux oiseaux sur l’espace public puisque cela risque d’attirer les nuisibles.
► Évidemment, il ne faut pas, non plus, abandonner vos déchets alimentaires à terre, ni déposer des sacs poubelle au sol, même près des corbeilles de rue, puisque ces derniers seront à coup sûr éventrés par les rongeurs. Il convient également de ramasser systématiquement les restes de ses pique-niques et de les jeter dans des poubelles.
► Enfin, veillez à bien déposer vos déchets alimentaires dans les points d’apport destinés à cet effet : ils sont parfaitement hermétiques.