Économie sociale et solidaire
L'économie sociale et solidaire : une autre économie !
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Qu'est-ce que l'économie sociale et solidaire ?
Elle végétalise les villes, organise le tri et le recyclage des déchets, cultive le bien-manger, permet la formation et la réinsertion de personnes éloignées de l’emploi… En France, l’économie sociale et solidaire regroupe 222 331 établissements dans lesquels travaillent 2,4 millions de personnes (1). À Pantin, 200 structures réunissant 1 895 salariés (2) relèvent de ce secteur d’activité qui œuvre en faveur de la solidarité et de l’utilité sociale. Organisées en coopératives, associations, mutuelles, fondations, Amap ou entreprises agréées par l’État, les structures de l’ESS doivent adopter des modes de gestion démocratiques et participatifs. Quant à l’utilisation de leurs bénéfices, elle est strictement encadrée. Tout profit individuel est en effet exclu.
Une longueur d’avance
« Un bout de l’histoire de l’économie sociale et solidaire s’est écrit à Pantin le 14 juillet 1991 avec l’ouverture, au 61, rue Victor-Hugo, de la Maison des associations, des alternatives et de la formation. C’est l’un des premiers lieux de l’économie alternative en France. Là, Belka Kheder a fondé le Relais », raconte Philippe Chibani-Jacquot, auteur du livre S’il suffisait de traverser la rue (éditions Les Petits Matins, 16 ) qui retrace l’épopée du pionnier de la restauration d’insertion dans l’Hexagone. Parmi les militants pantinois à l’origine de cette création, Jacques et Aline Archimbaud, laquelle deviendra en 1995 adjointe au maire de Pantin chargée de l’Économie sociale et solidaire. « La toute première en France ! », selon Philippe Chibani-Jacquot.
Un soutien sans faille
Depuis, la commune n’a cessé d’agir pour soutenir l’ESS et ses acteurs. Dès 2011, Pantin entre au capital du Relais, devenu société coopérative d’intérêt collectif (SCIC). La ville prendra ensuite des parts sociales au sein d’Électrons solaires et de La Butinerie, la maison des alternatives alimentaires. Elle soutient également les implantations de structures à l’image de la Cité fertile ou encore des Ateliers Diderot dans lesquels des locaux meilleur marché sont proposés à des acteurs de l’ESS. Pantin met aussi à disposition des lieux, à l’image de l’ancien collège Jean-Lolive confié à Artagon, et commande des prestations comme les repas des agents municipaux préparés par l’Esat Le Colibri. Dernièrement, la commune a créé un club de l’ESS chargé, entre autres, de fédérer ses forces vives. « C’est aussi l’une des villes les plus engagées du territoire d’Est Ensemble en termes de partage d’expériences entre collectivités. Pantin a en effet fait le choix d’adhérer au Réseau des collectivités territoriales pour une économie solidaire (RTES) qui valorise les bonnes pratiques locales », complète Benjamin Gueraud-Pinet, chargé de mission au sein de cet organisme.
Les vertus de l’ESS
Résultat : « Nous sommes arrivés à Pantin par hasard il y a 11 ans, mais on y reste par choix !, affirme Augustin Jaclin, cofondateur de Lemon Tri, une société qui recycle tous types d’emballages. Nous sommes bien implantés sur le territoire. Nous travaillons avec de nombreux prescripteurs locaux pour notre mission d’insertion sociale et trouvons ici de nouveaux clients comme Grenoble école de management dont nous gérons les déchets. »
De la sorte, l’ESS crée des emplois variés et non délocalisables, contribue à la formation et agit pour le réemploi des matériaux et le tri des déchets. Mais elle favorise aussi le bien-manger (à La Butinerie, au Pas si loin ou grâce aux associations Nénuphar et Ecobul par exemple) et est source d’innovation sociale. Ainsi, la coopérative Tipis volants prépare un projet de garde d’enfants à destination de personnes en insertion lesquelles seront, demain, mieux épaulées grâce à la création d’un Groupement d’intérêt public associant de nombreux acteurs prenant en charge les personnes durablement privées d’emploi.
(1) ess-france.org
(2) Chiffres de l’Observatoire régional de l’ESS - Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire d’Île-de-France, d’après INSEE Flores 2019.
3 questions à...
Salim Didane, adjoint au maire délégué au Développement territorial, à l’Emploi, à la Formation et à l’Économie sociale et solidaire
Canal : Quels sont les principaux défis que les acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS) auront à relever demain ?
Salim Didane : D’abord, ils doivent poursuivre leur développement, continuer à s’inscrire dans la durée et prouver que l’ESS représente une réelle alternative économique, écologique, résiliente et de proximité. Ce secteur doit aussi réussir à élargir sa palette d’activités en lien avec les enjeux de la transition écologique et donc investir les champs de la mobilité, de la logistique, de l’alimentation ou de l’énergie. La ville expérimente actuellement le rétrofit, une pratique consistant à remplacer le moteur thermique d’un véhicule par un moteur électrique. L’émergence sur le territoire d’un acteur de l’ESS œuvrant dans ce domaine serait, par exemple, la bienvenue. Enfin, il est important que l’ESS soit mieux reconnue et financée au regard de sa contribution au développement du territoire. N’oublions pas que derrière un repas aux Relais, il y a toute une chaîne de valeurs, comme la réinsertion de personnes éloignées de l’emploi.
En quoi ces acteurs de l’ESS sont-ils stimulants pour Pantin ?
S.D. : Ils sont sources d’innovation et nous amènent à penser autrement le déploiement des politiques publiques ! Par exemple, Les Quatre-Chemins de la Terre contribuent, avec les habitants et en lien avec la commune, à la poursuite du verdissement des espaces publics du quartier. Sur bien des sujets, ville ou acteurs de l’ESS, on a chacun un bout de la réponse à apporter ! Nous devons donc mieux travailler ensemble et partager, y compris la décision. C’est d’ailleurs l’objet de la création du Groupement d’intérêt public autour de l’insertion voulue par la ville, laquelle a aussi pris des parts dans certaines structures comme Les Relais solidaires, Électrons solaires ou encore La Butinerie. Cela prouve, qu’aujourd’hui, les collectivités, les pouvoirs publics et les acteurs privés peuvent agir ensemble au service de l’intérêt collectif.
Quels sont les projets de la ville pour accompagner et soutenir l’ESS ?
S.D. : Face à la problématique du prix des terrains et des locaux, la commune réserve, dans certains projets, des surfaces à prix maîtrisés dédiées à ce secteur économique. Par exemple, aux Grandes Serres, 5 000 m2 lui seront dévolus. La ville a également créé une structure publique dont l’objectif sera d’installer, en pied d’immeubles, des commerçants et des activités de l’ESS. Nous devons, par ailleurs, animer et donner de la visibilité aux entreprises et à leurs réussites. C’est la raison pour laquelle nous organisons, pour la troisième année, notre Mois de l’ESS. C’est rare dans le département ! Nous souhaitons enfin nous mobiliser pour que l’ESS devienne une manière d’entreprendre mieux connue des jeunes générations.
Le Mois de l'ESS , six dates
Du jardin à l’assiette, de l’artisanat à l’écocons-truction, de l’emploi à la transition écologique : en novembre, la ville propose six événements destinés à célébrer la diversité et la richesse de l’économie sociale et solidaire.
Premier rendez-vous, jeudi 9 novembre, à 19.30, au Ciné 104 sur le thème de la pression immobilière, avec deux films documentaires projetés : le premier, diffusé en présence du réalisateur, est consacré à l’habitat collectif en Allemagne (À Berlin, la réinvention d’un art de vivre en commun, d’Axel Lebruman) ; le second suit la doyenne d’un village du Lesotho menacé par la construction d’un barrage (L’Indomptable feu du printemps, de Lemohang Jeremiah Mosese). Le débat qui suivra sera consacré à la façon dont la transformation foncière des villes impacte les acteurs de l’ESS.
Samedi 11, de 18.00 à 20.00, un jeu portant sur les cultures africaines dans le monde sera proposé aux Relais solidaires, tandis que mardi 14, de 11.30 à 12.45, une table ronde sera organisée aux Magasins généraux dans le cadre du Forum emploi d’Est Ensemble. Intitulée Lien social et emploi de proximité : l’ESS répond-elle aux enjeux locaux de l’emploi ?, elle réunira, entre autres, Les Relais solidaires, l’entreprise à but d’emploi PAM !, Mélissa Youssouf, vice-présidente du conseil départemental de Seine-Saint-Denis en charge de l’ESS, et Salim Didane, adjoint au maire délégué à l’Économie sociale et solidaire.
Smoothies et musique
Au menu du vendredi 17 ? Le bien-manger ! De 14.00 à minuit, des visites, un atelier smoothies, une cantine anti-gaspi et des dégustations seront proposés à Artagon, à La Butinerie et à la maison de quartier des Courtillières.
À 14.30, ne manquez surtout pas la balade qui vous conduira d’Artagon à PAM !, en passant par l’incubateur culinaire de la Fondation Falret.
Le samedi 25 novembre s’intéressera à la manière dont l’artisanat et la création s’inspirent de l’ESS et la nourrissent. De 14.00 à 21.00, vous pourrez ainsi vous initier à la couture, à la bijouterie, à la menuiserie et à la maroquinerie à la faveur d’ateliers organisés à la maison de quartier des Courtillières. La journée se terminera par un concert donné aux Relais solidaires.
Cette troisième édition du mois pantinois de l’ESS sera clôturée, par Bertrand Kern, le maire, jeudi 30 aux Ateliers Diderot, ouverts à tous de 16.00 à 21.30. De quoi en apprendre davantage sur l’écoconstruction, ses métiers et ses innovations.
Retrouvez les autres articles du dossier "Une autre économie pour une autre vie" réalisé par Catherine Portaluppi et Guillaume Théchi, publié dans Canal n°321, novembre 2023 :
> "Des acteurs de l'économie sociale et solidaire à Pantin"
> "L'économie sociale et solidaire : récupérer, trier et recycler !"
> "L'économie sociale et solidaire : développement local et emploi"