Culture
L'impératrice, un nouveau visage pour cette oeuvre de street art
Publié le
Fin Dac redonne vie à son impératrice
Surplombant le pont Delizy et jouxtant le restaurant Chez Agnès, elle semblait veiller sur le canal. Du haut de ses 16 mètres, L’impératrice Nühuang, peinte en 2018 dans le cadre de L’Été du canal, a été balayée par l’eau et le vent au printemps 2020. Fragilisé par des infiltrations, le mur a perdu des morceaux de ciment, obligeant au démantèlement de la partie haute de l’œuvre. Ainsi disparaissait une des plus belles figures du street art pantinois...
Si cela a attristé les habitants, Fin Dac a lui aussi été affecté par cet effacement, même s’il estime que « les marques laissées par le passage du temps font partie de la vie d’une création de rue ». Son retour à Pantin pour repeindre la fresque sera donc une première pour lui. « Il m’est arrivé de peindre plusieurs fois au même endroit mais jamais de repeindre une même œuvre... » Mais pas question pour autant de reproduire la jolie dame à l’identique. En 2018, il avait regretté de ne pas pouvoir intégrer une partie de l’ancienne décoration murale. Alors, cette fois, loin de les masquer, il entend valoriser les traces laissées par le temps et les imperfections de la surface. « La technique japonaise du kintsugi, qui consiste à réparer une poterie cassée en soulignant les coutures à l’or, m’intéresse beaucoup », annonce-t-il, dévoilant sans doute l’esprit du futur ouvrage.
Coup de foudre pour Pantin
Contrairement à beaucoup d’artistes évoluant dans le street art, Fin Dac ne vient pas du graffiti. C’est une rupture amoureuse douloureuse qui l’a amené à la peinture. Une thérapie qui soigne également son vertige qu’il oublie dès qu’il escalade un échafaudage. Issu du monde de la publicité, il a choisi de parer les murs de grandes images exactement comme on le fait dans ce secteur, mais avec une intention diamétralement opposée. « La pub cherche à provoquer un sentiment de manque pour pousser les consommateurs à acheter. Moi, je peins dans une optique positive : mon but est que les gens se sentent mieux, s’évadent. »
Le rapport aux passants est son autre motivation. « J’aime peindre là où je croise des personnes ouvertes et intéressées par ce que je fais. » Et autant dire qu’à Pantin, il a trouvé ce regard bienveillant ! « Je me suis senti tellement bien ici que j’ai même pensé y déménager... », sourit le Londonien d’origine irlandaise. Les dix jours qu’il a passés sur son échafaudage, sous les halles Pouchard ou au café tout proche, seul anglophone parmi des Français grisés par la victoire de leur nation à la Coupe du monde de football, ont été émaillés de jolies rencontres. Ajoutées aux conditions météorologiques idéales, « ça a vraiment été un moment idyllique », se remémore-t-il.
Retrouvez les autres articles du dossier "The place to graff", réalisé par Pascale Decressac, publié dans Canal n°308, juillet/août 2022 :
> "Le street art, une expression artistique importante à Pantin"
> "Le 27, créer du lien par le street art"
> "Trois spots de street art, hors des sentiers battus à Pantin"
> "Les K.Releuses, du street art d'un genre nouveau"