Développement durable
Boutons de luxe et cartons pleins
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L'INNOVATION AU SERVICE DU BOUTON
Alors que la Fashion Week bat son plein, l’équipe de La Compagnie française du bouton souffle à peine en cette fin septembre. « Nous venons de fabriquer des boutons sur mesure à la dernière minute pour une grande maison de haute couture », rapporte Antoine Ciambarella, responsable commercial de la PME.
Depuis près de cinquante ans, la société crée des collections pour le secteur du luxe. Tristan Branger, le chef d’atelier, et son équipe travaillent des matières ancestrales, à l’image de la nacre, de la corne de vache ou du bois. Mais, souligne-t-il, « depuis quelques années, à la demande de nos clients, nous cherchons des matériaux issus du recyclage. Nous souhaitons éviter les plastiques qui ne répondent plus aux exigences des créateurs de mode. De fait, nous sommes à l’affût des innovations ».
Un bouton de lait
Les boutonniers utilisent, par exemple, de la caséine, une matière naturelle extraite des résidus de la fabrication du lait. Elle permet d’obtenir des boutons durs et soyeux, tout en offrant la possibilité de teintures éclatantes. Les acteurs du luxe et du prêt-à-porter haut de gamme jouent un rôle moteur dans ces avancées. « Ils nous poussent dans nos retranchements, assure Antoine Ciambarella. Nous nous rendons plusieurs fois par an dans des salons professionnels pour découvrir les nouvelles solutions de fabrication vertueuse. »
Pour un fabricant de boutons, s’engager dans l’économie circulaire est naturel. « Le réemploi existe depuis toujours dans notre domaine. Un bouton, ça ne se jette pas ! Dans toutes les familles, on garde les exemplaires inutilisés dans une boîte », note Antoine Ciambarella. Les stocks de l’entreprise sont, en outre, réduits au minimum. L’excédent, bien rangé sur des étagères, est régulièrement donné à des associations.
Soucieuse d’évaluer son impact environnemental, La Compagnie française du bouton a récemment mené une analyse du cycle de vie de ses productions en lien avec l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).
« Nous avons appris à être éco-friendly. Aujourd’hui, nous nous efforçons de nous inscrire dans l’économie circulaire par conviction, mais aussi pour répondre aux exigences du marché », conclut Antoine Ciambarella.
- Pour en savoir plus : www.cfdbouton.com
carton plein pour cette association
L’association d’insertion Carton plein qui, comme son nom l’indique, réemploie les cartons, vient de créer une nouvelle antenne à Pantin. Le mois dernier, elle recevait le Trophée de l’économie circulaire et solidaire de la Métropole du Grand Paris.
Accueillis depuis la rentrée dans les locaux de Lemon tri, les cinq salariés en insertion de Carton plein viennent de réceptionner, ce jeudi matin, les cartons collectés par les « collègues ». Ces derniers, qui se déplacent uniquement à vélo équipé d’une remorque, ont récupéré plusieurs kilos de « marchandise » auprès des commerçants et des entreprises de la capitale et d’Est Ensemble.
« Maintenant, nous allons les trier, explique Mitra Asfari, la responsable de l’atelier de Pantin. Ceux qui sont réutilisables sont débarrassés des étiquettes et des scotchs pour être remis en vente. Quant aux cartons trop abîmés, nous les transformons en plaques de protection qui remplacent le papier bulle en plastique, en broyat pour composteur et même en litière pour des centres équestres. »
Au-delà du recyclage
Carton plein est engagée dans l’économie circulaire depuis 2012. L’idée d’aller au-delà du recyclage en réemployant le carton a permis de faire décoller la structure née dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Douze ans après son lancement, elle compte dorénavant quatre sites. « Quand l’équipe de Lemon tri nous a donné l’opportunité de nous installer rue Cartier-Bresson, sur une surface d’environ 300 m2, nous n’avons pas hésité, rapporte Odile Rosset, directrice de l’association. Pantin est un emplacement idéal pour rayonner. Nous étions déjà présents sur le territoire d’Est Ensemble. S’établir ici nous permettra de développer nos activités en Seine-Saint-Denis. »
Si, pour l’heure, l’atelier pantinois emploie cinq personnes, le but est d’atteindre 40 salariés d’ici à deux ans.
« Nous démarchons activement les entreprises, les commerçants, les cliniques et les entrepôts du département pour récupérer leurs cartons », conclut Mitra Asfari, également chargée du déploiement de projets en Seine-Saint-Denis.
- Contact : mitra@cartonplein.org // 06 13 66 09 37
et aussi...du nouveau du coté des friperies
Si L’Heureuse Boutique souffle ses deux bougies, deux autres friperies s’apprêtent à ouvrir leurs portes à Pantin : Pimpante et Salut Léon. De quoi consommer écolo et acquérir de belles pièces à prix raisonnables.
L’Heureuse Boutique : De Lady Di aux nineties
Dans cette caverne d’Ali Baba cosy, feu d’artifice de couleurs vives, des milliers de pièces des années 80, 90 et 2000 ont été soigneusement sélectionnées par Zeheira Dahmani. « Après des années de salariat, je rêvais d’indépendance. J’ai toujours adoré le vintage, la chine… Une reconversion évidente ! », raconte la fondatrice de L’Heureuse Boutique. Ses marottes ? Les 90’s – le magasin regorge de polaires et vestes flashy –, mais aussi « le style Lady Di, les chemisiers en matière noble et brodée, les petites blouses à col lavallière ».Dès ses débuts, elle a connu un franc succès (jusqu’à Nouméa !) grâce au dynamisme de son compte Instagram et à ses vidéos personnalisées. Les clientes restent des heures dans son antre… « On reçoit en prime d’excellents conseils ! », jubilent celles du jour, d’heureuses trouvailles sous le bras.
- L'Heureuse Boutique : 1, rue Lesault ; lundi et mardi de 14.00 à 18.00 ; du mercredi au samedi de 14.00 à 19.00 ; possibilité de prendre rendez-vous le reste du temps via Instagram
Pimpante, La mode de mère en fille
Pimpante, c’est une histoire de famille. D’abord, il y a Deolinda Mota, la mère, désormais connue du paysage pantinois pour avoir ouvert , fin 2023, rue Hoche, Les Tatas flingueuses. Et puis, il y a Laura, la fille, ex-avocate qui a décidé de se lancer, elle aussi, dans l’entrepreneuriat et la mode. Toutes deux, « biberonnées à la chine et passionnées d’esprit vintage », s’associent pour ouvrir Pimpante avenue Jean-Lolive. Dans cette jolie boutique, on trouve d’élégants vêtements neufs éco-responsables, des portants seconde main croulant sous les pièces des années 50, 60, 70 et 80, mais aussi des canevas oversize, des bijoux de créateurs, des cosmétiques bio, des accessoires… « Il y en a pour toutes les bourses et tous les goûts ! », résume le duo qui propose – et c’est une nouveauté – de la décoration vintage.
- Pimpante : 81, avenue Jean-Lolive, du lundi au samedi de 11.00 à 19.30 ; Instagram
Salut Léon : au royaume des enfants
« Il existe peu de boutiques de seconde main pour enfants alors qu’ils grandissent très vite et ne portent parfois leurs vêtements que six mois. Un gâchis ! Quant à moi, j’adore le côté ludique des collections qui leur sont dédiées… », explique Marion Witek, ex-coordinatrice d’atelier chez Chloé, qui s’apprête à ouvrir Salut Léon, une friperie de mode enfantine. « Je ne trouvais plus vraiment de sens à mon ancien métier dans cette filière très coûteuse en énergie. Du coup, je me suis lancée dans l’aventure de la revalorisation et du réemploi. » Un défi rendu possible grâce à La Vie au rez, la foncière commerciale de la ville qui acquiert des locaux vides, les rénove et les loue à des tarifs doux. Avenue Édouard-Vaillant, Salut Léon proposera des marques célèbres comme Bonton, Jacadi, Tiny Cottons ou Arsène et les pipelettes, grâce à un système circulaire vertueux : « Je rachèterai les vêtements de mes clients et des autres habitants. »
- Salut Léon : ouverture courant novembre ; 6, avenue Édouard-Vaillant, du lundi au samedi de 11.00 à 19.00
Retrouvez les autres articles du dossier « Tout roule pour l’économie circulaire », réalisé par Catherine Portaluppi, Frédéric Fuzier, Christophe Dutheil et Guillaume Gesret, publié dans Canal n°331, novembre 2024
> « Tout roule pour l’économie circulaire ! »
> « Un temple pour l’innovation circulaire »
> « En ville, les charmes du réemploi »