Solidarité
Pantin aux côtés des sans-abris
Publié le
De multiples actions pour venir en aide aux sans-abris
Services municipaux, associations, habitants… Les forces vives de la ville se mobilisent de multiples façons afin de venir en aide aux personnes et familles sans-abris, de façon ponctuelle ou sur du plus long terme, avec un objectif fort : pas d’enfants à la rue !
Des maraudes pour recenser et aider les personnes sans domicile
Lors de la Nuit de la solidarité, le 25 janvier, 44 personnes sans domicile ont été recensées dans les rues et stations de métro de Pantin. Pour aller à leur rencontre et leur apporter un repas chaud, des agents, médiateurs et travailleurs sociaux de la ville, mais aussi des bénévoles d’associations, s’étaient mobilisés. « Cela nous a permis d’approcher ceux qui ne viennent pas dans nos services afin de leur expliquer qu’on peut les accompagner pour la mise en place de leurs droits », explique Fatiha Kihel, responsable du pôle Service social. « Des personnes rencontrées cette nuit-là sont venues la semaine suivante au Centre communal d’action sociale (CCAS) pour commencer des démarches avec un travailleur social », se félicite Agnès Vallet-Sandre, responsable du pôle Aides et animations du CCAS.
Des maraudes que la ville renouvelle régulièrement, notamment afin d’améliorer l’accès aux droits et à la santé des sans-abris. Et cela passe toujours par une domiciliation, une démarche permettant d’obtenir une adresse à Pantin. Aujourd’hui, 1 100 personnes – dont 450 enfants – parfois logées chez des amis, de la famille ou en hôtel social, sont ainsi résidents de la commune, via le CCAS ou des associations.
Le Refuge, un acteur incontournable
« Beaucoup de gens recensés le 25 janvier passent leur journée chez nous », reprend Armand N’Zoulou, directeur du Refuge, qui, avenue Jean-Lolive, gère un accueil de jour inconditionnel. « Une centaine de sans-abris passent ici quotidiennement pour faire une pause, prendre une douche, déposer leurs bagages, laver leurs vêtements, manger, être écoutés, soignés, avoir accès à leurs droits grâce à une assistante sociale… Le mardi après-midi est réservé aux femmes, de plus en plus nombreuses. »
Au-dessus, une pension de famille accueille, au sein de studios individuels, des personnes ayant un revenu régulier – RSA ou petite retraite – et leur propose une vie collective afin qu’elles ne s’isolent pas. « La municipalité nous a toujours soutenus, reprend Armand N’Zoulou. Mettre ce terrain à notre disposition, en plein centre-ville, pour y construire un immeuble répondant à nos besoins est un vrai coup de pouce. Cela prouve que Pantin œuvre pour que tout le monde ait sa place sur le territoire. » Le Refuge dirige aussi, rue Saint-Louis, un centre d’hébergement d’urgence pour hommes adressés par le 115.
Adoucir le quotidien
Rue du 11-Novembre, le tiers-lieu alimentaire Le Point commun permet, de son côté, aux familles hébergées en hôtel social de se préparer des repas chauds dans une grande cuisine. « En 2023, 1 118 personnes l’ont utilisée, explique Marie-Laure Ecoto, directrice de territoire de l’association Empreintes qui a imaginé cet endroit. On y organise aussi des ateliers diététiques, une permanence d’aide aux démarches et des lectures de contes pour les enfants pendant que les parents cuisinent. Nous travaillons également sur la co-gestion du lieu afin de redonner aux personnes un pouvoir d’agir. »
Pas d’enfants à la rue !
Quant aux mineurs en errance, ils sont au cœur du dispositif de mise à l’abri enclenché fin 2022 par la ville, interpelée par le collectif Jamais sans toit Pantin, lancé par Florence Moreau, parent d’élève à l’école Liberté. « Qu’un enfant dans la classe des miens vive dans la rue, ce n’est pas entendable !, explique-t-elle. Grâce à des cagnottes lancées auprès des parents, nous avons financé des nuits d’hôtel pour les familles sans-abris dont les enfants sont scolarisés dans la commune. Nous avons ensuite sollicité la mairie qui a mis à leur disposition des chambres au stade Marcel-Cerdan. Aujourd’hui, nous aidons au repérage des familles en difficulté. »
« Le 115 ne répond pas totalement aux demandes, précise Bruno Carrère, adjoint au maire chargé des Actions sociales et solidaires. C’est pour cela que nous prenons nos responsabilités avec le dispositif Pas d’enfant scolarisé à Pantin à la rue. Monté en partenariat avec les parents d’élèves et les directeurs d’écoles, il a déjà aidé 50 personnes. Le projet de création d’un centre d’hébergement, piloté par le CCAS, permettra une mise à l’abri plus proche et nettement plus confortable pour ces familles. »
Commerçants solidaires
Porté par l’association La Cloche, Le Carillon est un réseau d’entraide et de soutien constitué de commerçants pantinois, lesquels s’engagent à offrir des services et des produits gratuits aux sans-abris et aux personnes en situation de précarité.
Le réseau solidaire Le Carillon
Ici, la possibilité d’utiliser gratuitement le Wi-Fi ou les toilettes. Là, une coupe de cheveux, une paire de lunettes, des photocopies ou un café offerts. Depuis septembre 2023, 19 commerçants pantinois ont rejoint le réseau solidaire Le Carillon, lancé il y a dix ans à Paris par l’association La Cloche.
Plusieurs degrés d’implication sont possibles : des logos apposés sur la vitrine signalent les services, accessibles à tous, proposés par les commerçants – recharger un téléphone, avoir accès à un micro-ondes ou à un verre d’eau. En partenariat avec Le Refuge, l’association distribue également des bons à des sans-abris ou des personnes en grande précarité, lesquels permettent de bénéficier, à titre gracieux, d’un produit ou d’un service spécifique dans un commerce précis. « Avec ces bons, 400 ont été distribués en 2023, nos habitués redeviennent des clients comme les autres et retrouvent le plaisir de choisir », explique Lucas Marguerite, coordinateur du réseau en Seine-Saint-Denis.
Des clients comme les autres
« On leur offre pour 6 à 10 euros de fromage, explique Sébastien, fondateur de la fromagerie La Pantinoise. Cela fait partie d’un effort collectif afin que tout le monde puisse accéder à nos produits. » Benjamin, gérant de la boulangerie Les Petits Chéris, ajoute : « Je suis boulanger. J’aime nourrir les gens. J’offre ainsi des cafés et des croissants. On discute un peu aussi. Je trouve la démarche très cool. » Suzanne, patronne du salon de coiffure Créa’tif, propose, de son côté, coupes et couleurs, les mardi et jeudi matin. « Je souhaite qu’ils aient leur temps à eux, précise-t-elle. C’est ce que je peux faire à mon niveau. »
Tous les six mois, l’association édite un petit guide recensant les commerçants participants. « Cela permet à nos habitués d’identifier les endroits où ils seront les bienvenus. C’est réconfortant et sécurisant pour eux », conclut Lucas Marguerite.
Vous êtes commerçant et vous souhaitez vous engager avec Le Carillon : contactez La Cloche au 07 49 40 72 99 ou par mail à seinesaintdenis@lacloche.org.
Retrouvez les autres articles du dossier "Répondre à l’urgence, soutenir au quotidien" réalisé par Catherine Portaluppi et Guillaume Théchi, publié dans Canal n°325, avril 2024 :
> "Répondre à l’urgence et soutenir les populations fragilisées"
> "Des lieux et associations pour les migrants et exilés"
> "Tous ensemble pour faire reculer la misère"