Fulu Miziki Kolektiv ©DR

Musique

Fulu Miziki Kolektiv ou l’art du recyclage

Ils débarquent tout droit de Kinshasa ! Les membres de Fulu Miziki Kolektiv construisent leurs instruments de musique et leurs costumes à partir de déchets. Un art du futur écolo-punk-transe-rumba-rock à découvrir salle Jacques-Brel, le 15 novembre, à l’occasion de la soirée d’ouverture d’Africolor.

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Leur nom, Fulu Miziki Kolektiv signifie, en lingala, « musique des poubelles ». C’est que ce collectif bigarré made in Kinshasa construit ses instruments à partir d’objets et de matériaux mis au rebut. Soit, pêle-mêle, des fils de fer, des tuyaux, des chambres à air, des canettes, des tubes en PVC, des bouts de ferraille... Sous leurs doigts de fée, tout peut chanter. Pour dénicher leurs pépites, une seule technique : «  Le RTL pour Radio télévision litoyi, soit “oreille” en lingala »,précisent, rieurs, Deboul et Padou, deux membres de la troupe. Autrement dit, de chacune de leurs trouvailles, ils écoutent avant tout le son et la bonne vibration.

l'écologie comme message artistique

Leur aventure démarre en 2016. Dans la tentaculaire capitale congolaise, un groupe de musiciens se cherche une identité et une mission. Des souvenirs d’enfance remontent à la surface : « Quand nous étions gosses, nous jouions sur des déchets, des objets du quotidien – marmites, seaux, bidons en plastique… Alors, pourquoi ne pas reprendre cette pratique avec, cette fois-ci, un message écologique ? »

Malédiction ou aubaine, ils ont justement grandi dans le quartier labyrinthique et précaire de Ngwaka où s’étale une décharge à ciel ouvert. « L’Afrique est devenue la poubelle du monde. On y déverse en vrac les déchets en provenance des États-Unis, de Chine, d’Europe. Nous, ici, on ne produit pas grand-chose », s’insurgent Padou et Deboul.

super-héros du ghetto

Formidable pied-de-nez, dans ces immondices, ils débusquent des trésors, les ingrédients précieux pour forger leur art du chaos, leur orchestre du futur. Leur musique, elle aussi, pratique l’art du recyclage et celui de l’assemblage, en un irrésistible patchwork de punk-rumba-reggae-dancehall-hip-hop-rock. Une transe post-futuriste, bio, sans additif, avec le minimum d’amplifications. Leurs (nombreux) costumes également – masques d’animaux fantasmagoriques, tenues tribales 3.0 – se tressent à partir de déchets. Sur scène, ils apparaissent ainsi en apparats de super-héros du ghetto : « Nous avons un message pour les nouvelles générations : recyclez et protégez la planète. C’est maintenant que le combat commence ! », concluent-ils.

Informations pratiques :

  • Vendredi 15 novembre, 20h30
  • Salle Jacques-Brel (42, avenue Édouard-Vaillant)
  • Réservation : 01 49 15 41 70 ou billetterie@ville-pantin.fr

À voir aussi :

La mort sur scène
► Dans Oiseau, pièce insolente et drôle, Anne Nozière remet la mort au centre du jeu pour nous reconnecter à nos chers disparus et à ce qu’il y a de plus vivant en nous.  
► Samedi 30 novembre, 18.00, théâtre du Fil de l’eau (20, rue Delizy). Goûter-philo à partir de 16.00. Inscription : billetterie@ville-pantin.fr

Un article d'Anne-Laure Lemancel publié dans Canal n°331 - novembre 2024