Culture et patrimoine
L’art là où l’on ne l’attend pas
Publié le
Chantier d’expression artistique
Signée Pat Perry, la nouvelle fresque qui orne les palissades du chantier Green Sheds rend hommage à l’ancienne usine de métallurgie qui, autrefois, occupait ce site.
Inaugurée fin septembre, la fresque imaginée par l’artiste américain Pat Perry donne au chantier du futur programme immobilier Green Sheds une dimension artistique unique. Située entre le 6-8, rue Paul-Bert et le 9-11 bis, rue Gambetta, elle mesure 28 mètres de long sur 2 mètres de hauteur, soit… 56 mètres carrés ! Derrière l’œuvre, un bâtiment en construction qui, fin 2024, accueillera des logements, des bureaux et une crèche départementale de 55 berceaux. Afin de valoriser le patrimoine industriel de cet îlot, une partie de ses toits en dents de scie sera réhabilitée. Green Sheds aura également une forte orientation environnementale, autant dans les matériaux choisis pour sa construction (bois et briques de récupération), que dans la manière de chauffer les futurs bâtiments (biomasse et récupération de chaleur).
Hommage au passé industriel
En attendant la livraison de l’ensemble, c’est à Quai 36, société de conseil en ingénierie culturelle et maison de production d’art, installée à Romainville, qu’est revenu le défi d’habiller le chantier. Gares, bureaux, institutions… l’entreprise a déjà fait éclore des fresques murales à Versailles, Bagneux, Clamart et à Massy-Palaiseau. A Pantin, Pat Perry s’est inspiré des images de la ville à l’époque industrielle. « Je les ai intégrées à un décor floral et végétal, détaille-t-il. L’idée est de faire écho à la transformation du territoire et de dépeindre des scènes de vie, autant que des images de l’architecture future du projet. » Inspirée des techniques de dessin et des couleurs utilisées pour les affiches du début du XXe siècle, l’œuvre invite à un voyage à travers l’histoire de la ville et les perspectives urbaines futures où l’écologie sera centrale.
Urbanisme et culture font bon ménage
« Faire apparaître l’art là où l’on ne l’attend pas, réenchanter l’espace public, tisser un lien entre urbanisme et culture est au cœur de notre démarche, résume Jonas Ramuz, co-fondateur et président de Quai 36. Nous souhaitons démocratiser l’accès à l’art. » Elodie Citroën, directrice de la marque Ogic, le promoteur de Green Sheds, complète : « Pour nous, la réalisation de cette œuvre est aussi une manière de connecter les projets urbains avec leur environnement et de répondre positivement aux nuisances liées au chantier. »
Fenêtre sur une réhabilitation
Au 18, rue Lapérouse, le projet artistique auquel ont participé les jeunes habitants des Quatre-Chemins redonne vie aux fenêtres murées d’un immeuble destiné à la réhabilitation.
En ce mardi 5 septembre, les habitants de la rue Lapérouse ralentissent le pas, intrigués par ce qui se trame. Après quelques questions sur l’immeuble voué à la démolition (au 16) et celui destiné à la réhabilitation (au 18), ils sont agréablement surpris – et séduits – par la démarche de street art qui se déploie sous leurs yeux.
Au 16-18, rue Lapérouse, 13 logements et un local d’artisanat d’art verront le jour fin 2026. En attendant, les fenêtres restent murées. « C’est un espace idéal pour laisser libre cours à sa créativité, réagit Malo Garnier, co-fondateur de L’Écluse, un collectif concepteur et producteur d’art urbain. Fenêtre sur rue, le nom du projet, est une occasion simple et directe d’apprécier l’art. Ça fait du bien, le beau ! »
Fibre artistique et citoyenne
Financé par la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) d’Île-de-France et soutenu par la ville, Fenêtre sur rue a mobilisé une dizaine de jeunes, âgés de 10 à 14 ans et adhérents de l’association 4 Chem’1 Evolution. Du 24 au 28 juillet, ils se sont penchés sur le street art, son histoire, ses artistes et ses techniques. Accompagnés par Thomasine Zoler, guide conférencière de l’Écluse, les pré-ados ont ensuite cherché l’inspiration à la faveur de visites guidées de la friche industrielle Babcock (La Courneuve). Ils ont également été initiés aux différentes formes et esthétiques (calligraphie, pochoir, figuratif…), avant de passer à la création sous les conseils avisés de deux artistes expérimentés, Gris fluo et Gilbert Petit.
Une initiative pleine de sens
Ensemble, ils ont peint des autoportraits sur des panneaux de bois afin de recouvrir dix fenêtres murées. « Je trouve le résultat magnifique, s’enthousiasme Alexandre Dieng, coordinateur de 4 Chem’1 Evolution, dont le siège est situé juste en face. J’ai eu des retours positifs. Il est vrai que ces réalisations embellissent la rue ! Ce projet a en outre permis aux enfants de développer leur imaginaire et leur fibre artistique. Cet été, ils n’avaient aucun mal à se lever le matin pour participer aux ateliers car cette initiative avait du sens à leurs yeux. »
D’autres projets de ce type pourraient voir le jour au 28, rue Magenta, au 79, avenue Édouard-Vaillant ou sur la palissade du chantier du 22-24, rue Pasteur. Objectif : accompagner les mutations à venir dans le quartier.
Colore les plaies
La façade de verre de la maison de quartier des Courtillières, endommagée lors des émeutes début juillet, a été protégée par des panneaux en bois. En attendant le remplacement des vitres brisées, la devanture de l’équipement a fait l’objet d’un embellissement original et participatif.
L’antenne jeunesse et les jeunes du quartier y ont en effet installé les panneaux d’une exposition consacrée aux origines du football sénégalais. Dans un second temps, une dizaine d’adolescents âgés de 12 à 17 ans a redonné des couleurs à la façade en créant une fresque sur les Jeux olympiques. Encadré par Dembo, artiste âgé de 17 ans, étudiant en école d’art, ils ont donné vie à cinq pantins représentant les anneaux. Interpellés par la démarche, plusieurs passants ont même participé. Le pari est donc réussi pour Bilal, Anas, Ayoub, Assia, Halza, Rayane et Soumeya qui, à travers cet atelier artistique, ont contribué à embellir l’équipement emblématique du quartier.