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Sport et loisirs

Un club de roller derby à Pantin

Créée en 2020, La Bétonnière est le nom du club de roller derby de la ville, une discipline unique alliant patin à roulettes, sport de contact et militantisme féministe.
Article de Tiphaine Cariou, publié dans Canal n°314, mars 2023.

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La Bétonnière

Dans la « vraie vie », elles s’appellent Agathe, Rita, Camille, Cannelle ou Gaëlle. Mais, sitôt franchi le seuil de la maison de quartier Mairie-Ourcq, où elles s’entraînent tous les lundis soir, elles deviennent Vilaine Farmer, Jam Hey Serge, Myley Six Rose ou Spicy FaRita.
Au roller derby, se choisir un pseudo fait partie intégrante de la discipline. Une deuxième identité, ou plutôt un nom de guerrière, qui fait la réputation des joueuses. Après avoir enfilé casque, genouillères, coudières et protège-dents, il est temps d’entamer l’hymne des Bétonneuses : « Fières, fières, fières, ici c’est La Bétonnière… on va tous vous mettre par terre. » Un cri de ralliement particulièrement efficace avant les matchs. Le haka n’a qu’à bien se tenir.

Rugby à roulettes

Traditionnellement appelées les «  fresh meats » (« viandes fraîches »), les nouvelles recrues s’élancent sur leurs patins à quatre roues pour commencer l’entraînement. Se pratiquant sur un terrain oblong, le roller derby est un sport de contact et de vitesse, demandant une bonne condition physique et des muscles en béton. « On n’y vient pas par hasard. Ici, tous les physiques sont les bienvenus. On n’est pas jugé sur sa morphologie, ni sur son orientation sexuelle. Peu importe notre corps : jammeuse (attaquante), bloqueuse… on a toutes un rôle à jouer dans l’équipe. La seule exigence, c’est de se muscler pour ne pas se faire mal. Car ne l’oublions pas : le roller derby, c’est du rugby sur patins à roulettes ! », explique Cannelle, l’une des créatrices de l’association.

Une discipline militante et politique

Avec sa philosophie très inclusive, le roller derby est sans doute la discipline qui affiche le plus ses valeurs militantes. C’est d’ailleurs un sport ouvert aux personnes non binaires et transgenres. « Notre ligue est ouvertement politisée, précise Gaëlle. La Bétonnière milite pour la cause féministe et le respect des minorités de genre. Au-delà du sport, chacune y exerce son engagement contre toutes formes de discriminations sexistes, homophobes, transphobes… »
Pour Agathe, le roller derby est une évidence depuis qu’elle l’a découvert il y a 5 ans : « J’aime tout dans cette activité ! Son esprit de communauté et de sororité, son côté underground, un peu punk. Et, en tant que femme trans, c’est l’un des rares sports d’équipe que je peux pratiquer », conclut-elle.
 
Informations pratiques :

Le roller derby, mode d’emploi
Né aux États-Unis dans les années 1930, le roller derby est un sport de contact principalement féminin qui se joue en gymnase, sur des rollers quads. En France, la discipline connaît un fort engouement depuis 15 ans et réunit plus de 4 500 licenciées. Pendant les matchs, deux équipes composées de 15 joueuses s’affrontent, cinq contre cinq, durant 60 minutes. Le but du jeu ? Empêcher, par tous les moyens, les jammeuses du camp adverse de traverser ses propres lignes, et ce, sans se faire projeter au sol, ni sortir de la piste.
Le roller derby emprunte une bonne partie de ses codes à la culture punk, rockabilly et underground américaine avec des noms d’équipe et des pseudonymes drôles et provocateurs ainsi que des maquillages de combat que l’on croirait sortis de films d’horreur.