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Un espace public plus vert, plus frais, plus agréable
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heureux comme un arbre en ville
En septembre, l’expert arboricole en milieu urbain du pôle municipal des Espaces verts faisait « son marché » chez un pépiniériste du département de l’Ain. Fabrice Descamps a ainsi sélectionné des arbres âgés d’une dizaine d’années, résistants au réchauffement climatique. « Nous ne choisissons plus les mêmes espèces qu’il y a dix ans. Nous privilégions celles qui réclament peu d’eau, comme le sophora du Japon, le févier d’Amérique ou le chicot du Canada. »
Pour les parcs, le choix se porte sur des espèces mellifères afin de favoriser la biodiversité. Résultat : « Sur les milliers d’arbres répertoriés à Pantin, nous avons identifié 200 essences différentes, se félicite Fabrice Descamps. Certaines sont indigènes comme le marronnier, le charme, le hêtre et le bouleau, d’autres plus exotiques, à plus petit développement et s’adaptant mieux à l’environnement urbain. » Parmi les sujets remarquables, le noisetier de Byzance qui trône au sein du parc de la Manufacture des tabacs ou encore le micocoulier de Provence du parc Barbusse méritent le détour. Et, pour admirer de beaux arbres, les Pantinois ont tout le loisir d’arpenter les magnifiques allées du cimetière parisien qui compte 8 700 spécimens.
un entretien adapté
En attendant de mettre en terre de nouveaux sujets en février, les jardiniers municipaux se concentrent actuellement sur l’entretien du patrimoine végétal. L’élagage a débuté en octobre, avec une taille en rideau dans les rues Diderot et Cornet. « Nos méthodes ont changé. Elles sont moins drastiques et l’élagage moins fréquent car nous savons que plus un arbre est taillé, plus il est sujet aux maladies. Néanmoins, pour des raisons de sécurité et pour dégager les façades, nous sommes contraints de tailler », rapporte Didier Mereau, le responsable du pôle des Espaces verts.
Lorsqu’ils élaguent, les jardiniers recherchent systématiquement les branches mortes et ne touchent plus au houppier (les branches situées au sommet du tronc) afin de préserver les îlots de fraîcheur et de garantir la photosynthèse. Le bois ainsi coupé est transformé en broyat qui enrichira les sols. Les branches trop grosses pour être utilisées de la sorte sont, de leur côté, rassemblées dans les espaces verts de manière à constituer des refuges pour la faune.
vigilance contre les maladies
Ces inspections automnales permettent aussi de détecter les maladies. À Pantin, les chenilles processionnaires ravagent les pins et obligent les jardiniers à poser des pièges le long des troncs. « Nous sommes également confrontés au chancre coloré, le champignon qui décime les platanes. Il a tué ceux du canal du Midi et il est désormais présent en Île-de-France. L’an dernier, nous l’avons détecté au sein du parc des Courtillières et nous avons été contraints d’abattre les sujets malades. »
Chaque fin d’hiver, quand la sève est descendante, 150 à 200 arbres sont plantés par les jardiniers municipaux qui, en la matière, ont acquis un certain savoir-faire. « Auparavant, nous plantions sans recourir aux techniques de biodynamisation. Aujourd’hui, nous incorporons des bactéries et des champignons mycorhiziens qui renforcent la santé des végétaux. Autre nouveauté : dans les fosses, nous installons un filet de cellulose qui retient l’eau. » Et, pour donner toutes leurs chances aux jeunes plantations, des sondes tensiométriques, qui évaluent le besoin en eau et limitent donc les arrosages au strict nécessaire, sont systématiquement installées.
- Pour découvrir le compteur d’arbre de la ville : page d’accueil de pantin.fr.
- Vous disposez d’un espace extérieur ? Jusqu’au 11 novembre, Est Ensemble vous propose d’adopter un arbre afin de le planter chez vous.
Pourquoi est-ce si difficile de planter des arbres en ville ?
Dans une rue, il existe plusieurs contraintes à prendre en compte au moment de planter un arbre.
► D’abord, il convient de vérifier les réseaux souterrains. « Rue de la Liberté, par exemple, les racines détérioraient le réseau de gaz, menaçant d’engendrer une fuite. Il a fallu installer des espèces se développant moins en profondeur », explique Fabrice Descamps, l’expert arboricole employé par la ville.
► Après l’étude du sous-sol, les façades des immeubles sont aussi à considérer. Les jardiniers préfèrent ainsi mettre en terre des arbres à petit développement, plutôt que des marronniers. « Rue Diderot, nous avons planté des féviers d’Amérique et des frênes du Japon. Les marronniers étaient trop grands, supportaient mal le réchauffement climatique et subissaient des tailles répétées. »
► En milieu urbain, ce sont les arbres d’alignement qui souffrent le plus. « Ils sont percutés par les camions, les travaux les endommagent et certaines incivilités les dégradent. » Ils sont aussi sujets aux maladies qui les contaminent les uns après les autres. « C’est pour cette raison que nous varions les essences dans une même rue et que nous laissons un espace de cinq mètres entre chaque spécimen », conclut Fabrice Descamps.