© ville de Pantin

Égalité femmes-hommes

Année de l'égalité : le bilan !

Elles ont beau constituer la moitié de l’humanité, les femmes restent à la traîne dans tous les baromètres de l’égalité. En ajoutant un petit « e » symbolique à son nom en janvier dernier, la ville de Pantin a lancé une Année de l’égalité et un plan triennal.
Extrait du dossier réalisé par Catherine Portaluppi, Guillaume Gesret et Guillaume Théchi, publié dans Canal n°322, décembre 2023.

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« Le changement symbolique du nom de Pantin a fait plus de bruit que les chiffres, catastrophiques en France, des violences conjugales, féminicides et incestes. Cela interroge sur notre société. Pour moi, cette féminisation était un joli coup de pied dans la fourmilière ! », s’exclame Khaïra Mili, présidente de l’association Marici, lauréate en mars dernier d’un Trophée de l’égalité décerné par la ville, tout comme Nénuphar, dont la directrice, Fatma Sel, confirme : « L’Année de l’égalité nous a donné de la visibilité et de la reconnaissance, mais aussi de la confiance en la justesse de notre combat. »

Agir sur tous les fronts

Pour mener à bien cette bataille pour l’égalité, la ville a, de son côté, engagé simultanément plusieurs actions. Contre la précarité menstruelle, 27 distributeurs de protections périodiques gratuites ont été ou seront prochainement installés dans des équipements municipaux, tandis que des kits de culottes menstruelles sont en cours de distribution aux femmes en difficulté.
Contre les violences, la Maison des femmes, qui ouvre le 4 décembre, sera un lieu ressource pour les victimes. Des conventions signées avec les bailleurs sociaux faciliteront en outre le relogement de neuf Pantinoises par an contraintes de fuir leur conjoint violent.  Enfin, élus, agents d’accueil et animateurs seront formés l’année prochaine sur ces questions.
Contre le sexisme ordinaire, et pour initier à la culture de l’égalité dès le plus jeune âge, tous les centres de loisirs – qui, chaque mercredi, accueillent 1 800 enfants – proposeront en 2024 des projets autour de l’égalité filles-garçons. Trois cours jardins, plus égalitaires dans la répartition des espaces, ont été créées dans des écoles et une quatrième, réalisée par le Conseil départemental, le sera bientôt au collège Jean-Jaurès. Du côté des plus grands, « il y a mille façons de traiter ces questions, détaille Fahima Djouadi, responsable du pôle Jeunesse. En organisant, par exemple, des représentations de théâtre-forum autour de la place des filles, en veillant à la mixité dans les équipes sportives des antennes jeunesse, mais aussi grâce au projet Glow up qui permet à des adolescentes d’améliorer leur estime d’elles-mêmes et de s’épanouir. »

Plus de sport féminin

Côté sport, la Team Go Girls a déjà séduit 700 jeunes Pantinoises de 7 à 14 ans, lesquelles peuvent tester diverses disciplines. « Ce programme n’est pas arrivé à Pantin par hasard, assure Diandra Tchatchouang qui le pilote pour l’Agence nationale du sport. Renommer la ville était un acte fort à mes yeux. Un acte qui a enclenché un mouvement pour combattre les inégalités. Et si je m’engage dans le sport, c’est pour que le terrain de jeu soit le même pour les garçons et les filles. » Avec son école de rugby qui compte 50 % de joueuses, le Rugby olympique de Pantin relève le défi haut la main ! Quant à Sine qua Non, l’une des neuf associations subventionnées spécifiquement cette année pour mener des actions en faveur de l’égalité, elle promeut, à l’échelle du territoire, l’activité sportive des femmes en organisant, sur l’espace public, des séances de street work out et des footings 100 % féminins.
Pantin souhaite enfin donner l’exemple en programmant régulièrement des artistes femmes dans la Saison culturelle et en organisant, ou en soutenant, des événements de promotion de la cause féminine : la traditionnelle Semaine de l’égalite, bien sûr, mais aussi, à la Cité fertile, le Salon des agricultrices et le festival féministe We Too.

Et demain ?

Pour améliorer la vie de ses agentes, la commune mènera une expérimentation de congé menstruel et fera travailler, dans ses locaux, les agents d’entretien – principalement des femmes – plus tard le matin et plus tôt l’après-midi.
Et comme la reconquête de l’espace public est essentielle, la ville lancera, début 2024, une opération de féminisation de noms d’équipements publics (maisons de quartier, par exemple), lesquels seront soumis à concertation auprès des usagers et des habitants.

Le regard d'Ernestine Ronai, créatrice du premier Observatoire départemental des violences faites aux femmes
« Les collectivités ont un rôle essentiel à jouer dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Les villes disposent en effet de plusieurs leviers pour cela.
Le premier : la formation des agents municipaux. Ces derniers doivent systématiquement poser la question des violences aux usagères qu’ils reçoivent. L’ouverture de la Maison des femmes de Pantin va, bien sûr, aider en concentrant toutes les énergies dans un même lieu où les principales concernées se pauseront, discuteront entre elles, bénéficieront de nombreuses permanences… Deuxième levier : la sensibilisation des plus jeunes grâce à laquelle ils pourront se sentir autorisés à dénoncer des maltraitances. Enfin, en organisant des débats, rencontres et échanges sur ces sujets, les villes favorisent la prévention.
Quant à l’idée d’associer les bailleurs sociaux pour faciliter le relogement pérenne des femmes victimes de violences, je la trouve formidable ! C’est une continuité du dispositif départemental Un Toit pour elle que nous avons initié. »

3 questions à...

Hawa Touré, conseillère municipale déléguée à l’Égalité femmes-hommes et à la Lutte contre les discriminations

Canal : En quoi cette Année de l’égalité a-t-elle contribué à poser les bases pour une action de long terme ?
Hawa Touré : Le choix symbolique de rebaptiser Pantin en Pantine en début d’année a fait couler beaucoup d’encre mais il a permis à la lutte pour l’égalité et contre les discriminations d’acquérir localement beaucoup plus de visibilité. La question a été prise à bras-le-corps, accélérant les actions programmées. Par exemple, la Maison des femmes ouvrira le 4 décembre : ce sera un lieu ressource essentiel pour les Pantinoises.
Depuis que je suis en charge de cette délégation, je suis en effet régulièrement interpellée par des habitantes ayant besoin d’aide. Dans ces cas-là, je mobilise les services de la ville et les associations, mais certaines femmes n’ont pas la force d’entreprendre des démarches ou font demi-tour quand elles aperçoivent une voisine dans la salle d’attente de l’assistante sociale. La Maison des femmes leur offrira donc plus de confidentialité et plus de services en un seul endroit !

Quelles autres actions réalisées cette année retenez-vous ?
H.T. : Elles sont nombreuses ! Contre les violences, nous avons signé des conventions avec des bailleurs sociaux afin de reloger plus rapidement des Pantinoises victimes ; contre la précarité menstruelle, nous avons installé des distributeurs de protections périodiques gratuites dans des équipements publics et distribuons des culottes menstruelles aux femmes en situation de fragilité économique. Mais nous soutenons aussi leur épanouissement en finançant, par exemple, des séances supplémentaires de sport féminin en extérieur.

Quelles seront les actions mises en œuvre l’année prochaine pour développer la culture de l’égalité ?
H.T. : Afin que chacun se sente autorisé à vivre sa vie comme il ou elle l’entend, la ville subventionnera, en 2024, le festival Dramagouines qui se déploiera à l’occasion de la Journée internationale de la visibilité lesbienne. Nous cherchons aussi un espace où créer la Maison des fiertés et mieux lutter contre les discriminations envers les personnes LGBTQIA+. Nous expérimenterons également le congé menstruel pour les agentes municipales et lancerons un plan de formation en direction des élus et des agents sur les questions d’égalité et de violences faites aux femmes.
Nous sommes très fiers du chemin parcouru même s’il nous reste beaucoup de choses à accomplir, en particulier dans la déconstruction des préjugés et stéréotypes. Mais nous sommes sur la bonne voie !

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