Développement durable
Climat : continuons le combat !
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Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) est sans appel : d’ici à 2030, la température moyenne aura augmenté de 1,5 degré par rapport à la période préindustrielle. Au-delà de + 2 degrés, le risque est grand d’un emballement climatique aux conséquences imprévisibles.
Face à ce défi, la ville lance son deuxième Plan Climat-Air-Énergie Territorial (PCAET), encouragée par le soutien de ses habitants. D’après un sondage réalisé entre le 1er et le 19 juin par Toluna-Harris Interactive*, 86 % des Pantinois interrogés se disent en effet préoccupés par les questions environnementales ; 64 % sont favorables à la mise en place de contraintes plus fortes, tandis que les trois-quarts approuvent l’action de la ville en matière de transition écologique.
Une longueur d’avance
Il faut dire que Pantin s’est dotée, dès 2004, d’un Plan local de maîtrise de l’énergie. En 2017, la ville va plus loin avec l’adoption, par le conseil municipal, pour une durée de 6 ans, d’un premier PCAET. Aujourd’hui, 80 % du plan d’actions a été mis en place. Parmi les réalisations les plus notables, citons la plantation de 250 arbres chaque année, la piétonnisation des quais de l’Aisne et de l’Ourcq, l’augmentation de la surface des espaces verts (plus 10 hectares, notamment au parc Diderot), la création d’un site de compostage municipal, l’augmentation de la part des produits bio, issus de circuits courts ou de filières durables servis dans les cantines, le lancement d’un plan de rénovation thermique des bâtiments communaux ou encore l’aménagement de l’intégralité des voies communales afin de les rendre cyclables.
« Le bilan de ce premier PCAET est très positif et le taux de réalisation élevé, se félicite Pierric Amella, conseiller municipal chargé des Mobilités douces, de la Qualité de l’air et du Budget carbone. Il a également permis d’organiser la suite, encore plus ambitieuse. En effet, bien que cela ne soit pas obligatoire pour une ville de la taille de Pantin, nous avons choisi de lancer un nouveau PCAET en six axes regroupant 78 actions concrètes construites en collaboration avec les agents municipaux, ce qui garantit qu’elles pourront être menées à bien. Son objectif de réduction de 25 % du bilan carbone de la ville d’ici à 2030 s’inscrit dans la Stratégie nationale bas-carbone édictée par l’État. »
Des mesures concrètes
Calculé en 2021, le bilan carbone (ou bilan des émissions de gaz à effet de serre) du patrimoine et des compétences de la ville se monte à environ 19 000 tonnes équivalent CO2 (teqCO2) par an. Pour le diminuer d’un quart, Pantin prévoit, par exemple, de raccorder les bâtiments communaux au réseau de chaleur géothermique Unigéo (moins 900 teqCO2/an), tout en améliorant leur performance énergétique (moins 500 teqCO2/an). Sont également prévues la désartificialisation de 20 hectares d’espaces publics et privés, la mise en place de végétation dans toutes les rues ou encore la limitation du stationnement des véhicules thermiques en surface.
En complément – et c’est inédit –, des actions de plaidoyer (lobbying vertueux) seront menées : « La ville n’a pas tous les leviers réglementaires pour agir, éclaire Guillaume Vera-Navas, responsable du pôle Transition écologique. Par exemple, la rénovation thermique des bâtiments par l’extérieur, très performante, est soumise à une autorisation qui ne relève pas de la compétence communale. En alertant les médias ou les parlementaires, les élus de la ville pourront faire évoluer la réglementation. » Récemment, Bertrand Kern, le maire, s’est par exemple associé à ses homologues d’Est Ensemble pour demander à l’Etat un assouplissement des règles concernant la plantation d’arbres sur l’espace public.
Un combat collectif
« Cette action territoriale est incontournable, insiste Guillaume Bastide, responsable de l’accompagnement des collectivités dans le cadre du programme de l’Ademe Territoire engagé dans la transition écologique. En effet, 15 % des émissions de gaz à effet de serre dépendent des décisions prises par les collectivités sur leur patrimoine et compétences. Ce taux monte à 50 % si on intègre les effets indirects de leurs orientations en matière d’habitat, d’urbanisme, d’aménagement et d’organisation des transports. Arriver à l’objectif très exigeant de neutralité carbone fixé pour 2050 nécessite un changement radical. Alors, chaque pas compte et ceux des collectivités encore plus ! »
* Échantillon de 619 personnes, représentatif des Pantinois âgés de 18 ans et plus.
3 questions à...
Mathieu Monot, adjoint au maire délégué au Développement urbain durable, aux Écoquartiers, à l’Innovation par la commande publique, à la Démocratie locale et au Bien-être animal
Canal : Pourquoi la ville a-t-elle fait le choix de mettre en place un nouveau PCAET alors que rien ne l’y oblige ?
Mathieu Monot : Nous avons effectivement choisi de réviser le premier PCAET, lancé en 2017 et réalisé à 80 %, alors que ce document réglementaire n’est plus obligatoire pour notre ville. Ce nouveau plan est issu d’un travail qui a réuni tous les services municipaux. Il regroupe 78 fiches action qui embrassent l’intégralité des politiques publiques menées par la commune et est doté d’un objectif très précis : réduire d’un quart les émissions de gaz à effet de serre de Pantin.
Pour y parvenir, nous avons travaillé à partir du bilan des émissions carbone du patrimoine et des compétences de la ville, réalisé en 2021. Cela nous a permis de lister nos activités fortement émettrices de CO2 et de créer des indicateurs pour évaluer notre action. De la sorte, nous pourrons faire la démonstration de notre efficacité par le chiffre ! Pour nous, c’est une vraie fierté qu’il ait été adopté à l’unanimité mercredi 13 décembre par le conseil municipal. Pantin sera ainsi au rendez-vous de l’histoire, toujours plus engagée pour l’avenir de la planète et des générations futures.
Comment ce plan améliorera-t-il la vie quotidienne des Pantinois ?
M.M. : Changer le destin d’une ville agit forcément sur le quotidien de ses habitants. Quand on construit avec des matériaux bio-sourcés, quand on limite le nombre et la place des véhicules polluants, quand on programme la plantation de 5 000 arbres en l’espace de 6 ans ou quand on ajoute des clauses environnementales aux marchés publics, on agit pour tous les habitants. De plus, la collectivité a une vraie valeur d’exemple : en fixant des objectifs ambitieux, nous espérons entraîner avec nous les acteurs économiques – entreprises, commerçants, promoteurs… – , mais aussi les Pantinois !
Justement, comment faire pour permettre aux Pantinois de s’emparer de ces questions ?
M.M. : Nous avons choisi de faire preuve de pédagogie lors des Journées sans voiture, par exemple, avec des ateliers autour du Plan climat, mais aussi grâce au nouveau plan de circulation limitant la place des voitures en ville ou en communiquant autour du thème Pantin 50 °C. En juin, nous avons également interrogé les habitants via un sondage. L’objectif était de mesurer les efforts qu’ils se disent prêts à accomplir et leur taux de préoccupation environnementale. Et ce dernier est plus élevé qu’ailleurs !
Retrouvez les autres articles du dossier "Climat : continuons le combat !" réalisé par Catherine Portaluppi, Guillaume Gesret et Christophe Dutheil, publié dans Canal n°323, janvier/février 2024 :
> "Lutter contre le réchauffement climatique et vivre mieux"
> "L'énergie : une des préoccupations de la ville de Pantin"
> "Réduire l'empreinte carbone de la restauration collective"