Durant les vacances de printemps, les adolescents de l’antenne jeunesse des Quatre-Chemins ont peint une fresque sur la clôture de l’ancien marché Magenta.
©Ville de Pantin 

Rénovation urbaine

Les Quatre-Chemins consolident leur mutation

La rénovation urbaine des Quatre-Chemins montre aujourd’hui des résultats tangibles côté éradication de l’habitat indigne et construction d’équipements neufs. Ils seront consolidés grâce au Nouveau programme de renouvellement urbain (NPRU) signé en 2023 et au lancement, cette année, d’une deuxième Opération programmée pour l’amélioration de l'habitat.
C. Duteil et F. Fuzier, Canal N° 327 juin 2024

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Le renouvellement urbain des Quatre-Chemins est un travail de longue haleine. Il a débuté à la fin des années 90 avec des rachats épars de logements par la ville qui lance en parallèle sa première opération de ce type à l’échelle d’un îlot : la ZAC de la Chocolaterie. Le processus de réhabilitation monte en puissance en mars 2002 grâce à l’entrée en vigueur d’un premier protocole de lutte contre l’habitat indigne, signé avec l’État. En 2007, il franchit un nouveau cap avec l’inscription des Quatre-Chemins au sein du Programme national de renouvellement urbain. Cette première convention partenariale signée avec l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru) a notamment autorisé « l’achat à l’amiable, puis la démolition, d’une vingtaine d’adresses, comprenant 271 logements insalubres ou indignes  », rappelle Carole Bourgeois, en charge de la mission Grand Quatre-Chemins à la mairie.

Le temps long de la réhabilitation

79 millions d’euros, dont 19 millions de subventions provenant de l’Anru, ont ainsi été investis au titre de ce premier programme de rénovation urbaine (PRU1) qui s’est achevé fin 2023 et a permis la construction de 1 000 logements neufs, mais aussi la création ou la réhabilitation d’un certain nombre d’équipements et d’espaces publics : école Joséphine-Baker, Maison Revel, square Anne-Frank, parc Diderot, Sheds...

«  Ce dispositif a été complété par une première Opération programmée pour l’amélioration de l’habitat (Opah). Financée par l’Association nationale de l’habitat (Anah), cette Opah a donné lieu à la rénovation de 1 700 logements  », explique François Birbès, adjoint au maire en charge des Quatre-Chemins.

«  Ces évolutions vont dans le bon sens mais les progrès nous paraissent lents », regrette Dominique Gamard, présidente de l’association SOS 4 Chemins. Un ressenti que ne conteste pas François Birbès, tout en précisant : «   Il faut du temps pour procéder à un renouvellement urbain de ce type. Le parc de logements des Quatre-Chemins, contrairement à ce que l’on constate dans les quartiers où se trouvent de grands ensembles, est essentiellement privé. C’est une difficulté car il est souvent compliqué de prendre attache rapidement avec la totalité des copropriétaires susceptibles d’être concernés par une opération de réhabilitation ou de démolition-reconstruction. En outre, ces dernières impliquent de nombreuses autres démarches pour rebâtir des équipements d’intérêt public ou des logements sociaux.  »

Plus d’équipements publics

En 2023, un Nouveau programme de renouvellement urbain  (NPRU), aussi appelé PRU2, a été signé. Plus ambitieux que le précédent – son montant s’élève à 154 millions d’euros, subventionnés à hauteur de 43 millions par l’Anru –, il court jusqu’à 2030. De nouvelles démolitions-reconstructions seront ainsi financées. L’offre d’équipements publics sera également étoffée avec, par exemple, la construction de l’immeuble qui accueillera, en lisière de l’écoquartier, l’antenne jeunesse et la Micro-Folie et la livraison, en 2025, avenue Édouard-Vaillant, de celui qui hébergera le centre municipal de santé des Quatre-Chemins et la plateforme autonomie.

Mieux : le NPRU prévoit de renforcer les liens entre la partie faubourienne des Quatre-Chemins et celle de l’écoquartier, notamment au travers de la création de nouveaux logements et espaces verts au sein de l’îlot Jacques-Brel.

Indépendamment de ce plan de renouvellement urbain, d’autres opérations sont de bon augure pour le quartier. C’est le cas de la requalification du bâtiment art déco de la Goutte de lait (rue Berthier) qui, dans le cadre de l’appel à projets Inventons la métropole du Grand Paris, accueillera, d’ici à 2026, Meet My Mama, une association d’insertion spécialisée dans les arts culinaires.

Cette année verra enfin le lancement d’une deuxième Opération programmée pour l’amélioration de l’habitat, laquelle permettra d’aider les copropriétaires qui le souhaitent à réhabiliter leurs logements.

  • Pour toute question relative au renouvellement urbain des Quatre-Chemins : Maison du projet, 79, avenue Édouard-Vaillant. Permanences chaque vendredi de 14.00 à 17.00 (de 14.00 à 19.00 le premier vendredi du mois).

Quartier en fête le 29 juin
Scènes musicales, ateliers créatifs, troc de jeux, structures gonflables, initiations sportives… : rendez-vous samedi 29 juin pour la fête des Quatre-Chemins, préparée par la maison de quartier et une vingtaine d’associations.

Tout au long de l’année, associations, services de la ville et habitants contribuent à l’animation des Quatre-Chemins. Naturellement, «  l’esprit de la fête du quartier réside dans la mobilisation de toutes ces énergies  », résume Leïla Slimane, adjointe au maire déléguée à la Vie des quartiers, à la Politique de la ville et à la Vie associative. «  Nous souhaitons organiser ce moment convivial pour et avec les habitants, ajoute l’élue. En parallèle, nous travaillons sur le long terme afin de réduire les inégalités et d’améliorer le cadre de vie de ce quartier.  »
Avec une riche programmation culturelle et ludique proposée par la maison de quartier et 20 associations, mais aussi l’élection de Miss et Mister Quatre-Chemins animée par l’antenne jeunesse, cet après-midi sera «  un moment fort permettant de se retrouver. Une vraie fête intergénérationnelle avec une belle mixité et l’occasion, pour notre association, de donner un concert  », précise Denis Charolles, responsable artistique de la compagnie Les Musiques à Ouïr qui partagera l’affiche avec la chorale des Quatre-Chemins. «  C’est essentiel d’être acteurs et solidaires dans les difficultés, mais aussi à l’occasion de moments festifs », conclut Djazia Larachiche, présidente d’À la croisée des chemins et secrétaire de Banane Pantin.

Fête de quartier des Quatre-Chemins :
> samedi 29 juin de 14.00 à 20.00. Square Anne-Frank, rues Magenta, Berthier et Pasteur, passage Forceval.

 

4 questions à…

Mathieu Monot, adjoint au maire délégué au Développement urbain durable, aux Écoquartiers, à l’Innovation par la commande publique, à la Démocratie locale et au Bien-être animal

Canal : Pourquoi investir autant dans la rénovation urbaine des Quatre-Chemins ?

Mathieu Monot : Le quartier des Quatre-Chemins est depuis longtemps en butte à un certain nombre de difficultés : pauvreté, insalubrité de certains logements, quasi-absence d’espaces verts... Il nécessite donc des investissements massifs de la part de la puissance publique et c’est ce que nous faisons depuis plus de dix ans. La rénovation de ce quartier est une priorité majeure pour la municipalité qui y a consacré environ 50 % de ses investissements l’an dernier.

 

La situation vous semble-t-elle évoluer dans le bon sens ?

M.M. : Oui, même si nous comprenons l’impatience de certains habitants, pressés de voir la situation s’améliorer. Mais il est normal que les rénovations prennent du temps, particulièrement aux Quatre-Chemins. Il s’agit d’un quartier faubourien concentrant beaucoup d’habitat privé. Cela complexifie les rénovations. Lorsque les logements sont dégradés, nous devons en effet intervenir lot par lot, appartement par appartement, après avoir été en contact avec tous les propriétaires concernés.

 

Où en est-on aujourd’hui ? 

M.M. : Beaucoup de changements positifs se sont produits au cours de ces dernières années : en plus des réfections de voiries et des opérations de recyclage ou de reconstruction de logements, je pense, notamment, à la réalisation du parc Diderot ou à celle du square Anne-Frank. Plusieurs équipements publics ont par ailleurs été créés : par exemple, la crèche parentale Jolis Mômes s’est installée en 2022 dans les anciens bains-douches municipaux, tandis que l’ouverture du groupe scolaire Diderot est prévue pour la rentrée prochaine. Nous avons aussi avancé sur le projet d’écoquartier qui va nous aider à rapprocher le nord et le sud de la ville.

 

Les habitants sont-ils consultés sur ces transformations urbaines ?

M.M. : Bien sûr ! À l’échelle de la ville, tous les projets d’aménagement sont aujourd’hui associés à une étape de concertation. Les initiatives prises aux Quatre-Chemins ne font pas exception. Nous avons également réaménagé, et rendu plus accueillante, la Maison du projet, située au 79, avenue Édouard-Vaillant. Les personnes intéressées peuvent s’y retrouver pour échanger sur la totalité des projets en cours dans ce qu’on appelle dorénavant le Grand Quatre-Chemins, un secteur incluant la zone de renouvellement urbain et celle de l’écoquartier. Nous explorons, en outre, d’autres pistes, comme la radio, pour créer des espaces de discussion complémentaires des réunions classiques.

Retrouvez les autres articles du dossier "Quatre-Chemins, quartier en mutation" réalisé par Christophe Dutheil et Frédéric Fuzier, publié dans Canal n°327, juin 2024 :
> "L’écoquartier sort du bois
> "Nouveau look pour Pasteur et Magenta » 
> "Les 16/18 Lapérouse font peau neuve"