Santé et Prévention
Santé pour tous : Pantin propose des remèdes
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Avec une moyenne de 52 médecins généralistes pour 100 000 habitants, contre 50 en Seine-Saint-Denis et 61 en Île-de-France, Pantin n’est pas un désert médical. « Au niveau départemental, la ville est plutôt bien lotie, assure Philippe Lebeau, conseiller municipal délégué à la Santé et au Handicap. Mais elle doit développer diverses actions pour rester attractive et continuer à faire venir des soignants sur son sol. C’est ce que nous faisons avec le recrutement, par les centres municipaux de santé, d’internes issus des hôpitaux de Paris : l’expérience montre qu’un certain nombre d’entre eux font le choix de s’installer dans la commune à l’issue de leur internat. C’est aussi l’objectif des coups de pouce (aides financières, identification de locaux…) que nous donnons aux professionnels libéraux qui souhaitent s’établir à Pantin. »
La Maison de santé pantinoise (4, rue des Grilles) et le centre Au fil de l’eau (7, rue du Débarcadère), deux structures pluridisciplinaires, sont ainsi venues compléter l’offre locale, en 2018 et 2020. « Avec deux médecins généralistes, un psychiatre, deux psychologues et deux orthophonistes, nous avons développé une patientèle importante, explique Ilhame Najem, cofondatrice d’Au fil de l’eau. Mais nous ne sommes toujours pas assez nombreux et travaillons en bonne intelligence avec nos confrères des autres centres. »
La plupart des praticiens pantinois ont d’ailleurs rejoint, en 2019, la Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) afin de coopérer sur des actions de prévention ou de développer des parcours de soins coordonnés.
Préserver l’accès à la santé
Le Contrat local de santé (CLS), en cours de redéfinition, fixe un certain nombre de principes protecteurs pour les patients. « On sait déjà que l’une de ses premières priorités sera de réduire les inégalités sociales qui perdurent en matière d’accès aux soins, pointe Anne-Marie Le Cain, directrice de la Santé de la ville. Nous aurons aussi pour objectif de consolider les actions de prévention et de promouvoir l’autonomie des personnes âgées ou en situation de handicap via l’ouverture, en septembre, avenue Édouard-Vaillant, d’une plateforme autonomie »
La dimension sociale du futur CLS est d’autant plus importante que les inégalités risquent de s’accroître. « Du fait des menaces qui pèsent sur le remboursement des consultations médicales par l’Assurance maladie, il est possible que les patients payent plus cher, regrette le médecin généraliste Yohan Saynac, fondateur de la Maison de santé pantinoise. La prise en charge devrait être en partie transférée vers les complémentaires santé dont les tarifs vont augmenter. Les grands perdants seront donc les plus pauvres, ceux qui n’ont pas de mutuelle. »
C’est pourquoi l’équipe municipale s’est engagée à proposer une mutuelle communale. « Un appel à candidatures sera lancé dans les mois à venir, explique Philippe Lebeau. Notre dispositif sera proposé à un tarif préférentiel. »
Les CMS se renforcent
Autre atout de la ville : les trois centres municipaux de santé universitaires qui proposent des tarifs conventionnés et le tiers payant intégral et dont le fonctionnement est en cours de redéfinition. « Nous avons entrepris un diagnostic de l’offre de soins en vue de l’améliorer, indique Hervé François, responsable de pôle des CMSU. Le but sera ensuite d’ajuster l’organisation et l’accueil, tout en se mettant en situation de recruter de nouveaux professionnels exerçant des métiers en tension, comme des infirmiers ou un phlébologue. » Et, pour n’oublier personne, « la commune multiplie aussi les actions hors les murs, souvent avec l’aide de partenaires. Notre objectif ? Nous rapprocher des Pantinois éloignés du soin », souligne Laure Bizeau, coordinatrice médicale des CMSU. Entre autres exemples, des permanences de dépistage des infections sexuellement transmissibles ont récemment été organisées par la ville et Checkpoint, une association spécialisée dans la santé sexuelle, devant le centre commercial de la rue Hoche. Les personnes éloignées des soins, notamment celles qui fréquentent l’accueil de jour Le Refuge, peuvent, quant à elles, frapper à la porte du Bus santé. Opéré par l’hôpital universitaire Jean-Verdier-AP-HP de Bondy et l’association Aurore, il fait étape deux fois par mois, les jeudis matin, devant le bureau de poste de l’avenue Jean-Lolive : « Entre janvier et novembre, 81 personnes y ont été reçues », conclut Patrick Dziedjou, responsable du pôle Prévention, Santé et Handicap à la mairie.
Les numéros d’urgence (24 h /24)
Pompiers : 18
Urgences médicales et Samu : 15
SOS médecins Grand Paris : 01 47 07 77 77
Urgences adultes et SMUR de l’hôpital Avicenne (125, bd Stalingrad, Bobigny) : 01 48 95 57 83 ou 01 48 95 57 84
Urgences pédiatriques de l’hôpital Robert-Debré (48, bd Sérurier, Paris) : 01 40 03 20 00
Urgences de l’Hôpital européen de Paris (59, rue Henri-Barbusse, Aubervilliers) :
01 48 39 42 37 ou 01 48 39 42 62
Les pharmacies de garde : le site monpharmacien-idf.fr liste les officines de garde les dimanches et jours fériés près de chez vous
Deux pharmacies ouvertes 7 jours/7 : la pharmacie du Port (150, avenue Jean-Lolive), entre 9.00 et 21.00 ; la Grande Pharmacie des Quatre-Chemins (74, avenue Jean-Jaurès), entre 8.35 et 20.50 (la nuit, le commissariat de Pantin peut vous préciser la pharmacie de garde la plus proche : 17)
Trois questions à...
Philippe Lebeau, conseiller municipal délégué à la Santé et au Handicap
Canal : Quand la nouvelle version du Contrat local de santé (CLS) sera-t-elle présentée ?
Philippe Lebeau : Nous finalisons actuellement la quatrième version de ce Contrat local de santé : elle sera signée dans les prochains mois par la ville, l’Agence régionale de santé d’Île-de-France, la Caisse primaire d’assurance maladie, le Conseil départemental et la Communauté professionnelle territoriale de santé de Pantin. Il s’agit d’un document de référence. Véritable outil de pilotage et de construction des politiques publiques, il a été élaboré avec tous nos partenaires et définit la stratégie et le cadre d’actions de la ville, tant pour ses propres centres municipaux de santé universitaires que pour les partenaires locaux signataires.
Quelles sont vos priorités en matière de santé ?
P.L. : Forts de notre diagnostic et des orientations proposées par l’ARS, l’une de nos principales priorités est évidemment de continuer à réduire les inégalités sociales en matière d’accès aux soins. En l’espace de huit ans, l’indice de développement humain francilien, qui permet de mesurer le niveau de vie, d’éducation et de santé de la population, a sensiblement augmenté à Pantin, même s’il reste encore inférieur à la moyenne régionale. Nous avons aussi pour objectif de renforcer la prévention et la promotion de la santé pour tous, d’améliorer notre réponse en matière de santé mentale et psychique et de mieux accompagner tout ce qui touche à l’autonomie des personnes âgées ou en situation de handicap. Notre but est, en outre, de donner une voix aux usagers des centres de santé : on appelle cela « le pouvoir d’agir ». Nous pensons en effet que ces derniers, qui sont désormais bien représentés dans les structures hospitalières, n’ont pas assez la parole en ce qui concerne la médecine de ville. Cela est un enjeu de démocratie.
Et quid des centres municipaux de santé ?
P.L. : Il n’est pas question de réduire nos investissements dans ces centres, même si cela a un coût. Ils sont essentiels et font partie de notre héritage. Il ne faut pas oublier que 27 % des Pantinois vivent en dessous du seuil de pauvreté et qu’ils risquent d’être mis à rude épreuve par les menaces pesant sur le remboursement d’un certain nombre de frais de santé. Loin de renoncer, la ville reconstruit, avenue Édouard-Vaillant, le CMSU Sainte-Marguerite devenu vétuste. À la même adresse, se trouvera une plateforme autonomie. La commune poursuit également ses recrutements de médecins et d’internes issus du monde universitaire. Nous sommes ravis d’attirer de la sorte ces professionnels qui, pour un certain nombre d’entre eux, s’établissent ensuite à Pantin. Cela participe de notre attractivité, au même titre que certaines aides à l’installation ou la recherche de locaux, comme nous l’avons fait pour un cabinet de kinésithérapeutes dans le quartier des Quatre-Chemins.
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