Budget
Budget 2025 : « Pantin est la ville d’Est Ensemble qui investit le plus »
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Canal : Après les crises sanitaire et inflationniste, la construction du budget 2025 se déroule dans un contexte de crise politique quasiment sans précédent. Que vous inspire cette situation ?
Bertrand Kern : Nous avons construit notre budget sans tenir compte de la loi de finances du gouvernement Barnier qui devait ponctionner 5 millions d’euros aux finances communales. Et nous avons bien fait puisque ce gouvernement vient de tomber ! Ce budget 2025 respecte ainsi nos hypothèses budgétaires et notre plan pluriannuel d’investissements, adopté en 2020, avec un recours un peu plus fort à l’emprunt. Nous sommes en fin de mandat et nous affichons forcément, pour cette année mais aussi la prochaine, un budget d’investissement illustrant le travail mené par l’équipe municipale depuis quatre ans.
Nous parvenons cependant à un équilibre budgétaire tout à fait acceptable et conforme à notre trajectoire financière. Avec Bobigny, Pantin est la ville d’Est Ensemble qui investit le plus, deux à trois fois plus que les autres villes du territoire. C’est une constante depuis le début de la mandature.
Avec 54,8 millions d’euros, le montant des dépenses d’équipement est beaucoup plus élevé que les deux dernières années. Pourquoi ?
B.-K. : En 2020, nous avons pris des engagements. Aujourd’hui, nous les tenons. Il ne faut pas oublier que le Covid a engendré, en 2020, une année quasiment blanche et donc un retard sur les programmes urbains, lequel a été rattrapé entre 2021 et 2024. Nous avons ainsi fait beaucoup les quatre premières années du mandat et nous continuerons à agir jusqu’au bout ! Nous nous étions engagés à livrer le conservatoire Jacques-Higelin, la piscine Alice-Milliat, le centre culturel Nelson-Mandela, l’école et le parc Diderot. C’est fait. Néanmoins, d’importants projets restent à réaliser. Je pense à la halle sportive, à l’école du Port, à la rénovation thermique de l’école Marcel-Cachin, à la création du centre de loisirs Sadi-Carnot et au démarrage de l’édification de l’écoquartier. Sans oublier les confortations – non visibles mais indispensables – des écoles Méhul et Auray-Langevin. Ce budget d’investissement sera bien utilisé dans tous les quartiers, croyez-moi !
Ce copieux programme d’investissements va contraindre la ville à s’endetter de 19,6 millions d’euros supplémentaires en 2025, bien plus que les 5 millions de l’année dernière. N’est-ce pas déraisonnable en ce moment ?
B.-K. : Absolument pas ! Après une période de désendettement entre 2008 et 2020, phase durant laquelle la dette est passée de 135 à 80 millions d’euros, nous avons construit une base financière stable et solide, permettant de dégager un autofinancement tournant autour des 22 millions d’euros. Aujourd’hui, cette épargne, qui résulte de la différence entre les recettes et les dépenses de fonctionnement, nous permet de nous réendetter. Mais attention : la somme inscrite au budget 2025 représente un endettement maximal puisque, généralement, on dépense seulement entre 70 % et 80 % du montant affiché. Et, dans le cas – très improbable – où l’on utiliserait tout, on se retrouverait avec une dette de 132 millions d’euros, comme la moyenne des villes de même importance.
C’est-à-dire quasiment la même somme qu’en 2008, avant la phase de désendettement...
B.-K. : Ce n’est pas comparable. En 2008, Pantin comptait 49 000 habitants ; nous sommes 60 000 aujourd’hui. Par conséquent, la dette par habitant est bien moindre. C’est ce qui est le plus important. Et je le redis : la dette n’est pas un crime. Quand vous empruntez pour investir et financer des équipements publics, c’est de la dette utile.
En plus de l’autofinancement et du nouvel emprunt, quels sont les autres moyens de financement de la ville ? La source des dotations de l’État se tarit au fil des ans et vous avez promis de ne plus augmenter la taxe foncière…
B.-K. : Les dotations de l’État, on ne compte plus dessus depuis longtemps ! En 2013, Pantin percevait 9,4 millions d’euros ; nous recevrons 155 000 euros en 2025. La bonne nouvelle, c’est que l’État ne pourra bientôt plus rien nous prendre puisqu’on risque de passer à zéro.
Effectivement, nous tiendrons l’engagement de ne pas augmenter le taux communal de la taxe foncière en 2025 et 2026. Nous avons seulement revalorisé les tarifs de certaines prestations municipales, exclusivement pour les catégories de revenus les plus hautes. Cependant, nous sommes loin d’avoir répercuté le coût de l’inflation. La ville continue donc à le prendre en charge afin de ne pas pénaliser davantage les familles déjà rudement touchées par la crise.
C’est pourquoi nous essayons encore de faire des économies sur nos dépenses de fonctionnement mais cela devient difficile car, pour moi, il est hors de question de toucher au service public. Heureusement, nous percevons de nouvelles recettes à l’image de celles générées par la généralisation du stationnement payant. Nous sommes enfin toujours très actifs dans la recherche de subventions. La commune emploie d’ailleurs un agent spécialisé dans ce domaine.
Quelles sont les priorités de ce budget 2025 ?
B.-K. : Il y a, bien sûr, la poursuite de la réhabilitation des Quatre-Chemins et le lancement de l’édification de l’écoquartier. Nous mettons également l’accent sur l’action sociale avec, notamment, la création d’un centre d’hébergement d’urgence dans le cadre du dispositif Pas d’enfant scolarisé à Pantin à la rue. Depuis le 20 décembre, il accueille des familles en errance ainsi que des femmes victimes de violence et leur offre un sas de secours en attendant une solution de logement pérenne. Nous renforçons aussi toutes les aides sociales d’urgence.
Les politiques publiques en direction de l’enfance, de l’éducation, de la jeunesse et du sport, avec 22 millions d’euros d’investissements, sont aussi l’une de nos priorités. La Micro-Folie et la nouvelle antenne jeunesse des Quatre-Chemins ouvriront début 2026 ; l’école du Port et le centre de loisirs Sadi-Carnot accueilleront des enfants dès septembre, tandis que l’école Marcel-Cachin sera complètement rénovée cette année et que la halle sportive sera livrée début 2026.
Dans le numéro de Canal de novembre, vous avez publié une tribune intitulée Pantin 2030, une ville, un avenir. Que peut-on en déduire sur l’après 2026 qui marquera la fin de votre quatrième mandat ?
B.K. : Une ville est toujours en mouvement. L’action municipale ne s’arrêtera pas en 2026. Le projet politique porté par notre majorité va bien au-delà et il arrivera à complète maturité en 2030. Cette année-là, nous serons au niveau d’une ville de 60 000 habitants en termes d’équipements publics. J’exercerai mon mandat jusqu’au bout et, quand il faudra prendre une décision pour savoir si je suis à nouveau candidat, je la prendrai, mais pas seul ! Je consulterai en effet mes amis, mes soutiens, mes partenaires de la majorité et ma famille, bien sûr.
Ce n’est pas rien d’être maire d’une ville de 60 000 habitants depuis plus de 20 ans, mais c’est une passion et l’affaire de ma vie. Je suis très heureux d’être maire de Pantin, je n’ai aucune envie d’être député ou sénateur. La fonction de maire n’est pas un tremplin vers autre chose pour moi, c’est un aboutissement. J’aime cette ville et ses habitants. Je veux les remercier car ils m’ont donné le temps. Si vous n’inscrivez pas vos actions dans un temps suffisamment long, il est impossible de construire un projet de ville. Je n’ai pas perdu la foi, j’ai toujours autant envie et je crois le prouver tous les jours. Finalement, je me dis que quatre mandats, ça passe très vite…
Mais chaque chose en son temps. Je prendrai ma décision fin 2025 ou début 2026. D’ici là, il me reste beaucoup à accomplir.