© Rudy Ouazene

Art contemporain

Les Sheds mettent le Turbo

Une joyeuse troupe a envahi le centre d’art contemporain municipal : le collectif de plasticiens Turbo, en résidence pour quelques mois aux Sheds. L’occasion d’entamer un dialogue avec les habitants des Quatre-Chemins et de questionner la place de l’art dans la vie de la cité.

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Silencieux, feutrés, trop peu fréquentés les centres d’art contemporain ? Depuis le mois d’octobre, les Sheds, l’ancienne filature Cartier-Bresson reconvertie en lieu d’exposition et de création, démentent cette image d’Épinal. Avec la résidence du collectif pantinois Turbo, une joyeuse troupe a en effet envahi ses locaux, soit 13 plasticiens issus d’univers très différents : peinture, dessin, sculpture, installations…

Membre du collectif, Guillaume Brinas explique : « Nous ne réalisons pas d’œuvres collectives, mais nous partageons un atelier sans cloison, impasse Diderot,et avons mis en place un fonctionnement à 13 têtes pensantes. La résidence aux Sheds représente pour nous de belles opportunités : bénéficier d’un espace de travail extérieur qui stimule autrement nos créations, imaginaires et réflexions ; concrétiser et renforcer notre lien avec le territoire et faire émerger, sur un temps donné, un projet commun. »

Lèche-vitrine artistique 

Pour les aider à structurer et à mener à bien cette aventure, ils se sont choisis, avec le concours des Sheds, une commissaire en la personne de Mathilda Portoghese, remarquée pour son travail lors de la Nuit Blanche, au Sample de Bagnolet ou encore à l’occasion d’un événement autour de l’art vidéo au centre Wallonie Bruxelles. « L’idée, c’est qu’ils fassent un pas de côté par rapport à leur pratique usuelle, qu’ils voient les choses en (plus) grand et qu’ils valorisent leur temps de résidence, éclaire cette dernière. Je suis là comme cheffe d’orchestre et œil extérieur, pour les encadrer, les fédérer, les soutenir, leur donner une impulsion et une vision. »

L’objectif est aussi que le collectif noue des relations avec les habitants des Quatre-Chemins. Ainsi, durant les 13 semaines de résidence, les artistes invités investiront, à tour de rôle, durant sept jours, les baies vitrées du lieu pour présenter leurs créations : des œuvres à base de blanc de Meudon, des gommettes en transparence comme autant de vitraux, un diorama avec de l’eau… « Nous renouons, en quelque sorte, avec la pratique ultra-populaire du lèche-vitrine », souligne la commissaire. Pour tisser ce dialogue avec leurs voisins, le collectif Turbo organise aussi des ateliers à destination des enfants et des plus grands, autour de l’autoportrait ou de l’architecture par exemple.

L’art dans la cité

La résidence se clôturera par une exposition accrochée du 5 au 9 février, évidemment mise en scène par Mathilda Portoghese. « En fonction de leurs œuvres respectives, je vais déterminer un fil rouge autour duquel se tressera l’exposition. J’ai déjà quelques pistes, mais elles peuvent encore évoluer. Alors, mystère… »,explique-t-elle. Dans tous les cas, la présence bouillonnante de ce collectif aux Sheds permettra de questionner et de mieux appréhender la place des artistes et celle de la création dans la vie de la cité. 


Pour connaître la date des prochains ateliers : sortir.pantin.fr

Un article d'Anne-Laure Lemancel publié dans Canal n°332 - décembre 2024