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Culture et patrimoine
CND : à Pantin depuis 20 ans
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Les chorégraphes les plus en vue, complices au long cours ou plus récents du Centre national de la danse, étaient présents, samedi 7 décembre, pour célébrer les 20 ans de l’installation de l’institution à Pantin. Réunis dans l’édifice de béton brut, Boris Charmatz, François Chaignaud ou encore Baptiste Cazaux et un large public ont fêté cet anniversaire dans uneambiance de cabaret. Jusqu’à minuit, ils ont vu défiler les danseurs du Moulin Rouge, une figure de la scène drag, Soa de Muse, et bien d’autres artistes avant de poursuivre la soirée sur le dancefloor animé par un DJ.
D’excellentes conditions de travail
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Cet anniversaire nous rappelle que le Centre national de la danse est entré dans les murs de l’ancien centre administratif de la ville en 2004. Quelques années auparavant, la commune avait décidé de le mettre à la disposition du ministère de la Culture pour un franc symbolique. Ce dernier, alors dirigé par la socialiste Catherine Trautmann, cherchait un « temple » pour héberger le CND, créé en 1998. Il a fallu près de cinq ans pour que la réhabilitation de l’édifice emblématique de Jacques Kalisz arrive à son terme.
Deux décennies plus tard, Catherine Tsekenis, directrice du CND depuis 2019, considère que ce bâtiment à l’identité visuelle très forte offre d’excellentes conditions de travail : « Les 14 studios ont été bien pensés. Ils sont lumineux et le plancher est performant. Les danseurs aiment venir répéter ici et présenter des sorties de résidence devant les professionnels. »
Le plus important fonds d’Europe
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Les missions du CND sont multiples : soutenir les créations, former les professeurs de danse et rassembler, en un lieu unique, un maximum de ressources consacrées à la danse. « Nous disposons de la plus grande médiathèque dédiée à la danse en Europe, souligne Catherine Tsekenis. Nos archives, très précieuses, sont accessibles aux chercheurs, aux chorégraphes et aux étudiants. »
L’équipe de la structure – près d’une centaine de personnes en tout – s’évertue aussi à ce que ce lieu stimulant ne soit pas une bulle réservée au monde de la danse. Les Pantinois y ont ainsi accès pour coworker. Les lycéens et les étudiants sont d’ailleurs nombreux à venir y réviser leurs examens ! Et, depuis peu, les habitants peuvent de nouveau déjeuner dans le hall grâce à l’ouverture de la cantine Sumac et Romarin qui propose une cuisine d’inspiration libanaise.
Les amateurs ont également la possibilité de s’exercer au CND dans le cadre des ateliers de danses partagées, organisés deux fois par an, à l’automne et au printemps. Ce sont ainsi plus de 350 personnes, tous niveaux et âges confondus, qui participent à ces week-ends. Mais, aux yeux de Catherine Tsekenis, la plus belle preuve d’ouverture reste 1km de danse : « Nous avons imaginé cette manifestation en 2022 dans le but d’abattre les murs de notre bâtiment à l’architecture imposante. Investir l’espace public s’imposait à nous comme une évidence. »
Initié sur les berges de l’Ourcq, 1km de danse se déploie dorénavant partout en France. Cette grande fête rassemble, sur un kilomètre, des danseurs professionnels et amateurs. « C’est un moyen magnifique de se découvrir les uns les autres, de mettre à l’honneur un commun qui est la danse », conclut Catherine Tsekenis. La quatrième édition aura lieu le 17 mai. Cette année, une dizaine de villes devraient prendre part à l’événement.
CND : 1, rue Victor-Hugo. Du lundi au samedi, de 8.00 à 20.00
Une architecture remarquable à préserver
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Subissant les assauts des intempéries, le béton du Centre national de la danse sera prochainement rénové.
Le CND vaut aussi pour son architecture. Le bâtiment brutaliste conçu par Jacques Kalisz au début des années 70 a d’ailleurs récemment obtenu le label Architecture contemporaine remarquable. « Nous recevons régulièrement la visite d’élèves architectes qui étudient l’édifice », assure Catherine Tsekenis, la directrice du CND.
Avant que l’institution ne prenne possession de ce paquebot de béton brut en 2004, les architectes Antoinette Robain et Claire Guieysse ont entièrement réhabilité la « Maison du peuple », comme l’appelait Jacques Kalisz. La rénovation réussie – un mélange de béton, de verre et de lumière offrant à ses 12 000 m2 un cachet unique – a valu aux deux femmes le prix de l’Équerre d’argent.
Et, depuis vingt ans, le CND, avec ses escaliers et ses coursives, est prisé par les photographes de mode et de publicité. Les réalisateurs de cinéma choisissent aussi d’y tourner, à l’image de Jan Kounen avec le film 99 francs, Maïwenn avec Le Bal des actrices ou encore Louis Leterrier pour la série Lupin avec Omar Sy.
Travaux à venir
Si le lieu impressionne, son enveloppe extérieure est très abîmée. Les intempéries ont en effet dégradé ses façades en béton. « Des travaux débuteront prochainement. Ils devraient durer au moins deux ans », annonce Catherine Tsekenis.
Pour le CND, cette période sera l’opportunité d’affirmer sa dimension nationale. Les activités de formation et de soutien à la création, tout comme l’accès aux ressources, se poursuivront à Pantin et à Lyon, tandis que les manifestations publiques seront délocalisées. Ainsi, les danses partagées auront lieu en avril au Palais de Tokyo dans le cadre de Plan D, un projet qui se déroulera jusqu’à la fin des travaux.
Plus d’infos : cnd.fr