
Commerces et entreprises
Faire ses courses dans son quartier : une offre de plus en plus riche
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Un article de Christophe Dutilleux publié dans Canal n°334 mars 2025
«Le démarrage est très satisfaisant, se réjouit Marion Witek, ex-coordinatrice d’atelier chez Chloé, qui a ouvert, fin décembre, au 6, avenue Édouard-Vaillant, Salut Léon, une friperie de mode enfantine. Je vis depuis 5 ans à Pantin et j’ai hésité avant de me lancer. Mais le développement incroyable de la ville m’a convaincue de tenter ma chance. »
Le potentiel du secteur des Grands Moulins, tout proche, où ont emménagé de nombreuses familles, a aussi pesé dans la balance pour cette entrepreneuse spécialisée dans la vente de vêtements de seconde main pour enfants.

De son côté, le trentenaire Sammy Maison n’a pas hésité une seconde avant de s’établir dans le Petit-Pantin où, avec deux anciens collègues, il a créé, au 31, rue de l’Ancien-Canal, le restaurant-épicerie Toscanacci. « J’ai grandi à Pantin et je suis persuadé du potentiel de ce quartier un peu excentré. Les mois d’hiver sont certes un peu calmes, mais nous avons beaucoup de monde aux beaux jours, lorsque les rives du canal sont très fréquentées. » Les courses à pied dans son quartier
Au cœur des quartiers

Ces ouvertures n’ont rien d’exceptionnel, comme en témoigne l’arrivée récente de Pantin en troisième place du classement des communes les plus gourmandes de Seine-Saint-Denis, réalisé par Le Parisien. Pour le quotidien, cette position se justifie, entre autres, par la longue liste de commerces (un épicier proposant des produits frais et locaux, un poissonnier, un chocolatier…) qui, en quelques mois, se sont installés dans la partie piétonisée de la rue Hoche, au côté d’enseignes locomotives, telles que Picard et Bio c’Bon.
Mais cette distinction est aussi le fruit d’une politique municipale volontariste avec, par exemple, la création d’un parking souterrain à l’angle des rues Hoche et du Congo et d’un contexte socio-économique favorable. « Les communes situées au nord-est de la première couronne, très bien desservies par les transports en commun, attirent de plus en plus de petites entreprises et d’artisans, analyse Pascal Madry, directeur de l’Institut pour la ville et le commerce. Ces implantations impliquent la présence de nouveaux actifs dans la journée et des habitants au pouvoir d’achat renforcé qui cherchent à consommer dans des enseignes proches de chez eux. »
Les Pantinois semblent ainsi avoir trouvé leurs marques chez Pimpante, qui s’est installée fin 2024 au 81, avenue Jean-Lolive, tandis que les gourmets des quartiers de l’Église et des Limites se pressent chez Debout les pains !, établie au 7, rue Méhul. « Mes enfants ont au départ trouvé l’offre de cette boulangerie, sans viennoiseries, un peu austère, confie Marion qui vit à proximité depuis dix ans. Mais, nous sommes depuis devenus hyper fans de leurs pains au levain et brioches qui se conservent très bien. »
La carte de la diversification
Dès qu’elle le peut, la ville joue un rôle moteur dans la diversification et la montée en gamme de l’offre commerciale. « Nous répondons, autant que possible, à la demande des habitants et sommes sensibles à l’évolution des habitudes de consommation pour permettre une pérennité des commerçants. Nous devons maintenant continuer à diversifier l’offre sur les cinq quartiers de la ville, voire la créer de toutes pièces quand elle est absente », indique Zora Zemma, conseillère municipale déléguée au Développement du commerce et à l’Animation festive de la ville.
Ainsi, la commune passe des conventions avec les bailleurs sociaux et les promoteurs afin qu’ils proposent à la vente ou à la location des locaux au pied de certains immeubles. Pantin a aussi joué un rôle moteur dans la création, en septembre 2023, de La Vie au Rez. Cette structure dédiée à la redynamisation commerciale acquiert des locaux et les rénove afin de les louer à des tarifs avantageux. Elle accompagne aussi dans leur implantation et leur développement les commerçants et artisans.
Le commerce attire le commerce

En complément des espaces déjà loués à Salut Léon et à Debout les Pains !, mais aussi de l’ouverture prochaine, avenue Édouard-Vaillant, du primeur Julienne, La Vie au Rez finalise, en ce moment, la sélection de trois nouveaux commerçants pour l’occupation de locaux lui appartenant au 38, avenue Édouard-Vaillant (à deux pas de la future Micro-folie), au 31, rue Méhul (à côté de la fromagerie Double Crème) et au 13, mail Hélène-Brion (quartier du Port). « Les coques sont livrées brutes de béton ou rénovées en partie, précise Sandrine Morel, responsable de La Vie au Rez. Mais nous avons pour particularité, en plus de proposer des loyers à tarifs préférentiels, de prendre à notre charge la pose des vitrines qui peut induire des coûts très dissuasifs pour les créateurs. »
« Notre politique, reprend Zora Zemma, consiste à favoriser l’implantation de commerces faisant défaut dans des secteurs stratégiques, comme l’avenue Édouard-Vaillant, la rue Méhul, l’avenue Anatole-France, les Courtillières ou encore la rue des Sept-Arpents. Nous sommes en effet persuadés que des ouvertures à ces endroits peuvent avoir un effet boule de neige et entraîner un développement commercial à leurs abords. »